En audience le 5 juin à Paris, Eric Drouet risque quatre mois de prison avec sursis et 500 euros d'amende, une peine requise par la parquet.
Le jugement sera rendu le 4 septembre. Le chauffeur routier de 34 ans avait été interpellé dans l'après-midi du samedi 22 décembre, lors de l'acte 6 de ce mouvement inédit, dans le quartier parisien de la Madeleine, au milieu de quelques dizaines de manifestants bloqués dans une rue par les forces de l'ordre.
Le procureur a demandé qu'il soit reconnu coupable de tout ce qui lui est reproché : «participation à un groupement formé en vue de violences ou de dégradations», ainsi que «port d'arme prohibé de catégorie D» – «un bout de bois» selon la défense, «une matraque en bois» pour l'accusation.
Aux yeux du magistrat, Eric Drouet «est volontairement venu avec une matraque», et «quand on vient avec une matraque on est dans une logique de violence».
Le prévenu avait dit aux enquêteurs qu'il avait oublié ce bout de bois, «souvenir» de son père, dans le sac à dos qu'il utilise habituellement au travail. «En tant que routier on a tous quelque chose pour se défendre», a-t-il expliqué à l'audience.
Le procureur a également pointé une publication sur un groupe Facebook lié à Eric Drouet, «rejoignez-nous ! Besoin d'aide», y voyant «une logique d'affrontement».
«Du début à la fin, il n'y a eu aucune violence» dans ce cortège, a au contraire souligné Eric Drouet.
Une vidéo tournée par une manifestante et diffusée à l'audience montre plusieurs dizaines de Gilets jaunes immobilisés dans le calme par les forces de l'ordre, jusqu'à ce que celles-ci viennent interpeller Eric Drouet parmi eux.
Le défenseur du chauffeur routier, Khéops Lara, a plaidé la relaxe. Il a notamment contesté la qualification d'«arme» de ce «bout de bois», un simple «grigri».
Auparavant, l'avocat avait plaidé la nullité des poursuites, estimant qu’Eric Drouet «a été interpellé brutalement, sans motif légitime ni préalable, pendant une manifestation pacifique» et dénonçant «une procédure qui détourne le droit pénal [pour] empêcher les gens de manifester».
Le tribunal se prononcera sur cette requête en nullité au moment de son jugement en septembre.
Pour l'organisation «sans déclaration préalable» de cette manifestation du 22 décembre, ainsi que d'une autre le 2 janvier, il a été condamné le 29 mars à Paris à 2 000 euros d'amende, dont 500 avec sursis.
Contestant être un «organisateur» du mouvement et se présentant uniquement comme un «relais», il a fait appel.
Cet habitant de Seine-et-Marne fut l'un des initiateurs de la première mobilisation nationale des Gilets jaunes le 17 novembre en créant sur Facebook l'événement «Blocage national contre la hausse des carburants». Après plus de six mois de mobilisation, le mouvement peine désormais à rassembler.
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