«C'est un dossier politique et discriminatoire» : telle est la réaction de Brigitte Plaza, l'avocate de Khelifa M., interrogée par RT France à l'annonce de la condamnation le 4 juin de son client. Le 1er mai 2018, au Jardin des Plantes, Khelifa M. était interpellé de façon musclée par Alexandre Benalla alors chargé de mission auprès de la présidence de la République.
Timing douteux ?
Alors que la relaxe avait été requise à l'ouverture du procès le 2 juin, coup de théâtre deux jours plus tard : les magistrats ont en effet décidé de condamner l'homme à six mois de prison avec sursis. Il comparaissait au tribunal correctionnel de Paris pour des violences envers des policiers. La justice lui reproche d'avoir jeté des morceaux de bitume sur des policiers lors de la manifestation, sur base du témoignage d'un policier.
Problème, selon l'avocate de ce soudeur de 36 ans : «Des vidéos prouvent qu'il a été interpellé avant les faits [qui lui sont reprochés].» Il n'aurait donc matériellement pas pu s'en prendre à la police, d'après Brigitte Plaza. Elle précise que les policiers affirment avoir vu le prévenu lancer un projectile à 17h02, alors que les vidéos de l'interpellation de son client par Alexandre Benalla auraient été tournées à 16h52 et 16h53.
Interrogée par RT France à la sortie de la chambre 24.1 du tribunal correctionnel de Paris, le conseil de Khelifa M. s'insurge : «Je pense qu'on veut fabriquer des pseudo-coupables parce que le dossier est à l'instruction. [...] je vais faire appel de cette décision parce que je suis scandalisée, nous avions démontré que monsieur M. était innocent des faits reprochés, en tout cas, le parquet en avait la conviction et là, on a une magistrate qui est spécialisée dans les flagrants délits de manifestation qui condamne sur des faits qui sont inexistants.»
Le prévenu a toujours démenti avoir jeté le moindre caillou en direction de la police. Il explique s'être réfugié au Jardin des Plantes pour échapper aux gaz lacrymogènes et au mouvement de panique quand la manifestation a dégénéré.
Dans un premier temps, l'ancien collaborateur d'Emmanuel Macron, au cœur d'une affaire d'Etat, avait nié avoir procédé à la moindre interpellation au Jardin des Plantes. Finalement confondu devant les juges par la vidéo, il avait fini par reconnaître avoir pratiqué «une clé de bras» par «réflexe citoyen». «J’ai apporté mon concours à la force publique pour interpeller un délinquant violent qui venait de commettre un acte grave sur les policiers», avait-il affirmé le 29 novembre 2018. Il avait été mis en examen pour ces faits.