«Un maire qui sera réélu sans l'apport de La République en marche et du Modem sera un ennemi du président», a déclaré de manière radicale le nouvel eurodéputé de La République en marche, Gilles Boyer, le 30 mai sur Europe 1. Une manière d'avertir tous les candidats potentiels aux élections municipales qui auront lieu dans un an, en 2020. Une vision absolue qui n'a pas du tout plu au monde politique.
Le député gaulliste du Vaucluse et étiqueté Les Républicains Julien Aubert a écrit en réponse une tribune dans L'Opinion le 31 mai, en s'adressant directement au président de la République, Emmanuel Macron : «Quand un proche du Premier ministre utilise le mot "ennemi" pour qualifier un maire qui ne serait pas élu avec le soutien de votre majorité, vaut-il mieux que les voyous qui en viennent à considérer le pouvoir comme un ennemi à abattre ? Et quel châtiment sera réservé à ces élus franchement campés dans l’opposition démocratique à votre action ? Leur coupera-t-on les subventions ? Les préfets boycotteront-ils les manifestations publiques organisées par ces édiles ? Tout ceci est malsain.»
Le maire LR de Sauveterre-de-Guyenne, Yves d'Amécourt, demande à Gilles Boyer – fidèle d'Alain Juppé dont il a longtemps été le directeur de cabinet à Bordeaux, avant de diriger sa campagne lors de la primaire présidentielle des Républicains en 2016 – de relire la Constitution : «Les Maires sont élus par le peuple et, le jour de leur élection ils deviennent officiers du ministère public ! Ils ne peuvent pas être "les ennemis du chef de l’Etat" ! Le président Emmanuel Macron n’est pas un "chef de parti" !»
Le député LR Robin Reda rappelle à Gilles Boyer qu'«un élu local doit être aidé et respecté par l’Etat», quelle que soit sa couleur politique.
Le député européen du Rassemblement national, Jérôme Rivière voit pour sa part dans les propos de Gilles Boyer de l'«arrogance», de la «brutalité qui n’a rien à voir avec la pratique de la démocratie». «Ça rappelle les propos du Président W. Bush. Pas vraiment nouveau monde», ajoute-t-il.
Le conseiller départemental du Puy-de-Dôme UDI et maire de Cébazat Flavien Neuvy affirme que l'utilisation du mot «"ennemi" est clairement inappropriée». «Adversaire, peut-être, ennemi non», poursuit-il sur Twitter.
Le député socialiste Olivier Faure s'est lui aussi scandalisé en se questionnant : «Quelle est cette dérive anti démocratique qui se confirme chaque jour ?». «Réveillons-nous, ils sont devenus fous !», s'exclame-t-il par ailleurs.
Gilles Boyer a toutefois reçu certains soutiens comme l'eurodéputée du PPE (parti de droite européennes) et d'Agir (macron-compatible), Elisabeth Morin-Chartier qui a attesté que le propos de l'intéressé, c'était «trop vrai».
Face à la polémique, en fin de journée, Gilles Boyer a tenu, sans présenter d'excuses, à rectifier son propos sur Twitter, en confessant que «le mot [était] bien mal choisi».