France

A son procès, Balkany dit avoir «l'impression qu'on fait le procès des Juifs» de l'après-guerre

Le procès de Patrick Balkany pour blanchiment et corruption s'est ouvert à Paris en début de semaine. Ce 23 mai, le Levalloisien a comparé sa mise en examen aux «procès des juifs» à la fin de la Seconde Guerre mondiale devant une salle circonspecte.

Interrogé sur des montages financiers masquant une villa antillaise lors son procès à Paris pour blanchiment et corruption, le maire LR de Levallois-Perret Patrick Balkany a affirmé avoir l'impression «qu'on fait le procès des Juifs qui après la Libération ont pris leurs dispositions».

Le tribunal correctionnel, après avoir rapidement examiné la question du moulin de Giverny, où vivent les Balkany dans l'Eure, se penchait sur une villa antillaise que Patrick Balkany avait fait construire en 1989. L'ancien député avait acheté le terrain via une société immatriculée au Liechtenstein, Belec, constituée par une fiduciaire suisse qui gérait la fortune héritée – sur des comptes suisses – de son père, ancien résistant survivant d'Auschwitz qui avait fait fortune dans le prêt-à-porter. Il avait revendu cette villa, Serena, en 2002, et l'argent de la vente avait notamment servi à aménager une autre propriété antillaise, Pamplemousse, que son épouse a fini par reconnaître avoir achetée en 1997.

«Le fisc français n'a pas été spolié»

Interrogé sur les circuits de l'argent, Patrick Balkany avait d'abord dit espérer ne pas servir de «bouc-émissaire» à la place de «tous les Français qui ont ou ont eu un compte en Suisse».

«Acceptez-vous la qualité de fraudeur fiscal au regard de la loi ?», l'a ensuite interrogé le président. A cette question, l'édile, passablement agacé, a répété avoir rapatrié une partie de l'argent paternel en France et avoir investi le reste sur le territoire français, notamment dans cette villa Serena. La société Belec qui la détenait étant étrangère, elle payait «l'impôt sur la fortune au taux le plus important de 3%».

«Le fraudeur fiscal que vous me dites être a finalement payé plus d'impôt par le biais des sociétés qui détenaient ces maisons que s'il avait été nommément propriétaire», a-t-il assuré. «Le fisc français n'a pas été spolié [...] La spoliation, nous et ma communauté, nous savons ce que c'est», a-t-il ajouté, évoquant les œuvres d'art confisquées aux Juifs sous l'Occupation.

«J'ai surtout l'impression aujourd'hui qu'on fait le procès des juifs qui après la Libération ont pris leurs dispositions [pour mettre leur argent à l'abri]», a-t-il conclu, suscitant des murmures dans la salle.

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