France

Accusé de «haute trahison» par des députés, le Rassemblement national veut porter plainte

Plusieurs députés et sénateurs ont réclamé l'ouverture d'une commission d'enquête parlementaire après la diffusion d'un reportage affirmant que le RN entretenait des liens étroits avec l’ex-conseiller de Donald Trump, Steve Bannon.

Le Rassemblement national (RN) a annoncé ce 12 mai son intention de porter plainte pour diffamation, alors que plusieurs députés et sénateurs demandaient une commission d'enquête parlementaire sur les liens entre le parti de Marine Le Pen et Steve Bannon, l'ex-conseiller de Donald Trump.

Les sénateurs Rachid Temal (PS) et Nathalie Goulet (UDI), ainsi que les députés Jean-Michel Mis (LREM), Vincent Ledoux (Agir) et Bertrand Pancher (Libertés et Territoires), contactés par l'AFP, ont confirmé avoir répondu à l'appel de l'ancien député UMP Frédéric Lefebvre, allié à la majorité présidentielle via le parti de centre-droit Agir. Dans une lettre adressée aux présidents et présidentes des commissions des lois et des affaires étrangères de l'Assemblée nationale et du Sénat, l'ex-ministre sarkozyste accuse notamment le RN de «haute trahison»

Tous demandent la constitution d'une commission d'enquête sur les liens entre le RNet Steve Bannon après la diffusion, le 9 mai, d'un reportage d'Envoyé spécial dans lequel on voit, notamment, les dirigeants RN Louis Aliot et Jérôme Rivière proposer à Steve Bannon d'assister à des réunions régulières entre Marine Le Pen et des hauts fonctionnaires français. La séquence obtenue par France 2 est tirée de rushes non utilisés par la documentariste américaine Alison Klayman, auteure d'un film sur Steve Bannon.

Marine Le Pen a dénoncé auprès de l'AFP «une pauvre petite manœuvre politicienne et électoraliste d'un mouvement qui est en train de perdre la première place dans les sondages», désignant ainsi LREM, avec qui le RN est au coude-à-coude en tête des intentions de vote aux élections européennes du 26 mai.

Il n'y a aucun financement américain organisé par Steve Bannon pour le Rassemblement national

«Il n'y a strictement rien à nous reprocher», a-t-elle fustigé, expliquant que le groupe évoqué dans le reportage est celui des Horaces, un collectif de hauts fonctionnaires, chefs d'entreprise et anciens membres de cabinets ministériels qui conseillent anonymement le RN. Confirmant l'invitation lancée à Steve Bannon, elle a néanmoins assuré que cette rencontre n'avait pas eu lieu.

Une autre séquence tirée d'une rencontre à Londres entre Steve Bannon, Louis Aliot et Jérôme Rivière montre le polémiste américain évoquer les besoins financiers du RN. Selon Marine Le Pen, «[Steve] Bannon a proposé ses services pour tenter de trouver une banque européenne pour trouver un prêt [...] ce qu'il n'a d'ailleurs pas réussi à faire».

«Il n'y a aucun financement américain organisé par Steve Bannon pour le Rassemblement national», a ensuite précisé la présidente du Rassemblement national sur BFMTV, en rappelant que les financements de partis politiques issus de banques extérieures à l'UE étaient interdits par la loi. Selon Jean-Michel Mis, une commission d'enquête devrait «faire toute la lumière sur cette affaire, dont l’objet s’apparente à une conjuration internationale contre les intérêts de la France». Rachid Temal veut, pour sa part, vérifier la possible existence d'une, «intelligence avec une puissance étrangère» réprimée par le Code pénal. «Je suis très frappé par ces tentatives de déstabilisation de l’UE orchestrée par le biais de Steve Bannon, financées par les mêmes soutiens que ceux de [Donald] Trump, avec la complicité du RN», a déclaré de son côté à l'AFP Bertrand Pancher.