Le Havre : une ONG tente d'empêcher le chargement d'armes françaises sur un navire saoudien

- Avec AFP

Le Havre : une ONG tente d'empêcher le chargement d'armes françaises sur un navire saoudien© Ben STANSALL Source: AFP
Le cargo saoudien Bahri Yanbu dans le port de Tilbury au Royaume-Uni le 7 mai avant son passage par le port du Havre.
Suivez RT en français surTelegram

Une ONG a déposé un référé liberté pour empêcher une livraison d'armes françaises à l'Arabie saoudite. Le navire doit prendre livraison de «huit canons de type Caesar» que Riyad pourrait utiliser au Yémen. Macron affirme «assumer» cette transaction.

L'Acat (Action des chrétiens pour l'abolition de la torture) a déposé le 9 mai un recours en urgence au tribunal administratif de Paris pour empêcher le départ du Havre d'un cargo saoudien chargé d'armes qui pourraient, selon cette ONG, être utilisées dans la guerre meurtrière menée au Yémen par l'Arabie saoudite.

La France a reconnu le 8 mai qu'un navire saoudien, le Bahri Yanbu, allait effectuer un chargement d'armes mais a assuré qu'elle ne disposait d'«aucune preuve» permettant d'affirmer que des armes françaises étaient utilisées au Yémen.

Le 9 mai, Emmanuel Macron a déclaré «assumer» la vente d'armes françaises à l'Arabie saoudite, assurant avoir la «garantie» qu'elles «n'étaient pas utilisées contre des civils» au Yémen. Selon le site d'investigation Disclose, le navire doit prendre livraison de «huit canons de type Caesar» que l'Arabie saoudite pourrait utiliser dans la guerre qu'elle livre au Yémen contre les rebelles houthis, minorité chiite soutenue par l'Iran, grand rival de Riyad.

L'ONG s'appuie sur un traité de l'ONU

«L'Etat français ne peut ignorer que ces armes peuvent servir à commettre des crimes de guerre au Yémen, où plus de 400 000 civils sont potentiellement sous le feu», a déclaré à l'AFP l'avocat de l'Acat, Joseph Breham. L'association a déposé un référé liberté, soit un recours en urgence visant à protéger une liberté fondamentale menacée, qui devrait être examiné dans la journée, selon l'avocat.

L'Acat conteste la décision de la Direction générale des douanes et droits indirects (DGDDI) d'autoriser le cargo Bahri Yanbu battant pavillon saoudien «à procéder à un chargement, exportation et transfert au sens de l'article 6 du Traité sur le commerce des armes (TCA), de matériels de guerre et matériels assimilés, dans le port du Havre, à destination finale Djeddah en Arabie saoudite.» Ce traité de l'ONU, entré en vigueur en 2014, vise à réguler le commerce des armes dans le monde. 

Son article 6 porte sur les interdictions de transfert d'armes : il précise notamment qu'«aucun Etat Partie ne doit autoriser le transfert d'armes classiques [...] s'il a connaissance, au moment où l'autorisation est demandée, que ces armes ou ces biens pourraient servir à commettre un génocide, des crimes contre l'humanité, des violations graves des Conventions de Genève de 1949, des attaques dirigées contre des civils ou des biens de caractère civil et protégés comme tels, ou d'autres crimes de guerre tels que définis par des accords internationaux auxquels il est partie.»

Le bateau ivre ?

Attendu le 8 mai au Havre, dont il était proche, le Bahri Yanbu est toutefois resté au large des côtes françaises. Une publication retweetée par Disclose a émis l'hypothèse que le bateau avait peut-être changé ses plans à cause de la publicité faite autour de son arrivée.

Il est en effet ancré à une trentaine de kilomètres du port et effectue de curieuses sarabandes en mer depuis plus de 24h.

Le Havre : une ONG tente d'empêcher le chargement d'armes françaises sur un navire saoudien© Capture d'écran @Marine Traffic
Position du cargo le 9 mai 2019 à 16h53.
Le Havre : une ONG tente d'empêcher le chargement d'armes françaises sur un navire saoudien© Capture d'écran @Marine Traffic
Les mouvements circulaires opérés par le cargo depuis 24h, qui ne se rend pas au port du Havre comme prévu.

Une source portuaire a précisé à l'AFP que «les conditions d'accueil techniques» n'étaient pas réunies et qu'il ne «rentrerait pas au port aujourd'hui».

La gauche française enrage

Le 7 mai, les députés du Parti communiste et des Insoumis ont quitté l'Assemblée en pleine séance des questions au gouvernement après une réponse jugée insuffisante de la secrétaire d'Etat Geneviève Darrieussecq à l'élu communiste Jean-Paul Lecoq qui interpellait le gouvernement à ce sujet. Ce dernier avait fustigé la «diplomatie du porte-monnaie» et rappelé : «Depuis 2015, la coalition militaire emmenée par l’Arabie saoudite pour écraser la rébellion yéménite a créé ce que l’ONU a appelé la "pire crise humanitaire du monde". Plus de 60 000 personnes ont été tuées et plus de 16 millions de Yéménites sont menacés de famine.» Il avait ensuite demandé des explications au gouvernement : la France allait-elle livrer de nouvelles armes à l'Arabie saoudite au port du Havre, tel que l'avait révélé Disclose, ou pas ?

Il y aura chargement d'armes en fonction et en application d'un contrat commercial

Geneviève Darrieussecq a alors rétorqué que la ville normande constituait un «grand port français» et qu'il n'était «pas étonnant qu’un cargo saoudien s’y arrête». Ce qui a provoqué la sortie des Insoumis et des Communistes de l'hémicycle. Mais dès le lendemain, le ministre des Armées Florence Parly a expliqué sur BFMTV : «Il y aura chargement d'armes en fonction et en application d'un contrat commercial.»

Lire aussi : Journalistes convoqués à la DGSI : la profession dénonce «une atteinte à la liberté de la presse»

Raconter l'actualité

Suivez RT en français surTelegram

En cliquant sur "Tout Accepter" vous consentez au traitement par ANO « TV-Novosti » de certaines données personnelles stockées sur votre terminal (telles que les adresses IP, les données de navigation, les données d'utilisation ou de géolocalisation ou bien encore les interactions avec les réseaux sociaux ainsi que les données nécessaires pour pouvoir utiliser les espaces commentaires de notre service). En cliquant sur "Tout Refuser", seuls les cookies/traceurs techniques (strictement limités au fonctionnement du site ou à la mesure d’audiences) seront déposés et lus sur votre terminal. "Tout Refuser" ne vous permet pas d’activer l’option commentaires de nos services. Pour activer l’option vous permettant de laisser des commentaires sur notre service, veuillez accepter le dépôt des cookies/traceurs « réseaux sociaux », soit en cliquant sur « Tout accepter », soit via la rubrique «Paramétrer vos choix». Le bandeau de couleur indique si le dépôt de cookies et la création de profils sont autorisés (vert) ou refusés (rouge). Vous pouvez modifier vos choix via la rubrique «Paramétrer vos choix». Réseaux sociaux Désactiver cette option empêchera les réseaux sociaux de suivre votre navigation sur notre site et ne permettra pas de laisser des commentaires.

OK

RT en français utilise des cookies pour exploiter et améliorer ses services.

Vous pouvez exprimer vos choix en cliquant sur «Tout accepter», «Tout refuser» , et/ou les modifier à tout moment via la rubrique «Paramétrer vos choix».

Pour en savoir plus sur vos droits et nos pratiques en matière de cookies, consultez notre «Politique de Confidentialité»

Tout AccepterTout refuserParamétrer vos choix