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Suicides chez France Télécom : les anciens dirigeants de la société devant les tribunaux (VIDEO)

Dix ans après le dépôt d'une première plainte, sept anciens dirigeants de France Télécom comparaissent devant le tribunal de grande instance de Paris pour leur management soupçonné d'avoir engendré des suicides dans l'entreprise.

Sept anciens dirigeants de France Télécom, dont son ancien PDG Didier Lombard, son ex-numéro 2 Louis-Pierre Wenes et son ancien directeur des ressources humaines Olivier Barberot, comparaissent pour «harcèlement moral» devant le Tribunal de grande instance de Paris à partir du 6 mai. 

A l'extérieur, syndicats et anciens salariés étaient présents pour faire entendre leurs voix et exprimer leurs attentes concernant ce procès.

«Aujourd'hui ma vie, elle est brisée et ma carrière est anéantie», a notamment déclaré en marge de l'audience aux journalistes Béatrice Pannier, partie civile qui a tenté de se suicider sur son lieu de travail en 2011.

«Le tribunal veut comprendre pourquoi certains salariés se sont suicidés en laissant des mots contre leurs employeurs», a notamment déclaré la présidente Cécile Louis-Loyant lors de l'ouverture du procès. Le tribunal doit se pencher sur des méthodes de management et une restructuration menée avec une «extraordinaire brutalité», selon le syndicat SUD dans sa plainte de 2009, et ayant pour objectif de supprimer 22 000 postes sur 120 000 salariés, ainsi que 10 000 changement de postes. 

«En 2007, je ferai les départs d'une façon ou d'une autre, par la fenêtre ou par la porte», avait déclaré en 2006 Didier Lombard en 2006 dans un discours devant les cadres. La vague de suicides au sein de l'entreprise ayant accompagné cette politique, très médiatisée à l'époque, était devenu le symbole de la souffrance au travail. 

167 personnes se sont constituées parties civiles dans ce procès. L'instruction a retenu le cas de 39  salariés, 19 suicides, 12 tentatives et huit dépressions ou arrêt de travail potentiellement imputables au management. 

Lorsqu'en 2004, l'Etat abaisse sa participation dans France Télécom à moins de 50%, l'entreprise connaît un besoin de réaliser d'importantes économies afin de faire face à la concurrence et d'éponger ses dettes. Or, relève l'enquête des juges d'instruction citée par France Info : «Il était impossible de procéder à des licenciements pour motif économique des fonctionnaires. C'est là l'une des clefs de compréhension des méthodes de management déclinées au sein de l'entreprise».

Le procès devrait durer jusqu'au 12 juillet. Les prévenus risquent jusqu'à un an d'emprisonnement et 15 000 euros d'amende. France Télécom, devenue Orange, qui comparaît en tant que personne morale risque de son côté 75 000 euros d'amende. 

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