France

Le Front National va-t-il faire son entrée à Sciences Po Paris, l'école du pouvoir en France ?

C'est une petite révolution qui risque de faire frémir la vénérable rue Saint-Guillaume. Quatre étudiants de cette école de l'élite de la République souhaitent créer une antenne Front national.

Le Front national est-il en train d'avancer toujours plus loin dans sa stratégie de dédiabolisation? C'est en tout cas ce qui ressort de cette initiative portée par ces étudiants, et validée par le parti de Marine le Pen. David Masson-Weyl, étudiant à Sciences po est bien conscient de l'impact symbolique de cette initiative dont il est à l'origine. «L'école est perçue comme formant l'élite economique, politique, culturelle que la France aura pendant des années. Nous avons eu l'aval du FN et cela entre parfaitement dans la stratégie de dédiabolisation du parti» précise-t-il à RT France.

Rue Saint-Guillaume, on trouve déjà des antennes de la plupart des partis politiques dont évidemment le Parti socialiste et les Républicains (LR). Les jeunes étudiants frontistes ne voient dés lors pas pourquoi il n'y aurait pas une antenne FN. «Cela participerait du débat démocratique, compte-tenu de notre poids dans la société» explique David Masson-Weyl.

Cependant le projet de cette association étiquetée Front national doit, pour aboutir, remplir quelques conditions pour le moins drastiques. Une demande officielle de création d'association à l'établissement doit d'abord être déposée. Au moins 120 étudiants, sur les 10 000 élèves que compte l'école, doivent ensuite la soutenir pour qu'elle soit reconnue.

Dés lors, une fois ces conditions remplies, le FN pourra réserver des salles, organiser des évènements et distribuer des tracts à l'intérieur du bâtiment. Surtout, il pourra demander des subventions à l'école.

L'un des étudiants porteur de l'initiative, David Masson-Weyl, est proche du numéro 2 du FN, Florian Philippot. Les autres viennent d'horizons aussi variés que le Parti socialiste, les Républicains, et même le Front de Gauche. Mais ce groupe d'étudiants entend fédérer et serait en contact avec les souverainistes de Debout la France et du Mouvement Républicain et Citoyen. Selon David Masson-Weyl, beaucoup de ces jeunes étudiants sont venus au FN parce qu'ils ne se reconnaissaient plus dans les autres partis : «L'un vient de l'UMP, mais a été déçu par Nicolas Sarkozy. Un autre vient du PS et ne se retrouvait plus dans la dimension sociale du PS. Nous avons même un ancien du Front de gauche mais qui trouvait trop laxiste ce parti sur la question de sécurité et pas assez attaché à la Nation» indique-t-il à RT France.
 

Si l'initiative aboutit, cela aurait évidemment une portée symbolique pour l'école, laquelle forme depuis 143 ans l'élite politique, économique et médiatique française. Parmi les anciens élèves de l'école, on compte ainsi quelques présidents de la République, dont Georges Pompidou, François Mitterrand, Jacques Chirac et François Hollande. Dominique de Villepin, Lionel Jospin, Alain Juppé, Édouard Balladur ou Michel Rocard, tous anciens Premiers ministres sont également diplômés de la prestigieuse école.  

De cela, David Masson-Weyl est bien conscient : «Si notre initiative a suscité de telles réactions, c'est la preuve que nous sommes entrés dans une nouvelle phase de la dédiabolisation du Front national. Cette phase a été enclenchée depuis l'accession de Marine Le Pen à la tête du Front national en 2011. Aujourd'hui, nous sommes au bout de cette dédiabolisation. Nous montrons ainsi qu'on peut être jeune, diplômé, être à Sciences po et voter pour le front national» explique-t-il à RT France.

Avant le pouvoir, le FN vise ainsi l'école du pouvoir. Mais celle-ci, réputée pour son tropisme à gauche, risque de ne pas accueillir l'initiative frontiste avec grand enthousiasme. Un débat sur le thème de l'Europe, organisé au sein de l'école en 2013, avait été ainsi annulé, en raison de la présence de Florian Philippot.