France

Pour Jacques Attali, les Gilets jaunes sont «les prémices d'une révolution»

Soutien d'Emmanuel Macron, le haut fonctionnaire Jacques Attali estime que le mouvement des Gilets jaunes va persister. Il constate le «pessimisme» d'une société où les classes moyennes et populaires ne verraient plus d'avenir pour leurs enfants.

Invité sur Europe 1 le 19 avril, Jacques Attali a de nouveau endossé son costume d'oracle, quitte à prendre quelques libertés avec le réel. Influent haut fonctionnaire ayant conseillé de nombreux gouvernants depuis l'accession au pouvoir de François Mitterrand en 1981, Jacques Attali est revenu sur le mouvement social des Gilets jaunes, à la veille de l'acte 23.

Expliquant d'abord la résistance des Français dans le domaine de la nourriture par rapport au reste du monde – sur la durée des repas notamment – Jacques Attali embraye ensuite sur une analyse sociologique de la France, pays rural. Du fait de cette ruralité, Jacques Attali estime que la France «n'évolue pas de façon continue mais par révolutions». Pourtant, à croire les statistiques de la Banque mondiale, la France s'urbanise progressivement avec une population urbaine à près de 80% en 2017. Un taux quasi identique à celui des Etats-Unis, et proche de celui de l'Allemagne, dont 77% de la population est urbaine.

Tentant de s'ériger en historien, l'économiste estime que «la France [par sa présumée ruralité] fait des révolutions mais pas de réformes». «Donc nous avons fait tout un tas de révolutions dans notre histoire», ajoute-t-il.

Interrogé sur les Gilets jaunes, Jacques Attali y voit «les prémices de ce qui pourrait être une révolution» car «cela renvoie à une colère profonde».

Il décrit la France comme une «société riche» mais «pessimiste» car «très injuste». Par voie de conséquence, il ne croit pas en la fin du mouvement. «Il y a une colère extrêmement profonde, extrêmement justifiée, qui renvoie au fait que les classes moyennes les plus modestes se sentent sans avenir et, surtout, sentent que leurs enfants n'ont pas d'avenir», argumente-t-il. Un raisonnement qui peut surprendre de la part d'un homme qui avait ardemment soutenu le «tournant de la rigueur» de la gauche en 1983 : les premiers soubresauts de cette colère profonde ?

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