France

En désaccord avec la politique de Macron, Blanche Gardin refuse l’ordre des Arts et des Lettres

L’actrice et humoriste Blanche Gardin a décliné la proposition du ministère de la Culture de la nommer à l’ordre des Arts et des Lettres. Elle reproche à l’éxécutif de prendre des mesures impactant négativement les plus défavorisés.

En profond désaccord avec la politique sociale d’Emmanuel Macron et de son gouvernement, l’actrice et humoriste Blanche Gardin annonce ce 3 avril qu’elle a décliné la proposition du ministère de la Culture de la nommer à l’ordre des Arts et des Lettres : «Je ne pourrai accepter une récompense que sous un gouvernement qui tient ses promesses et qui met tout en œuvre pour sortir les personnes sans domicile de la rue», explique-t-elle dans une publication Facebook.

Interpellant directement le chef de l’Etat, elle le renvoie à sa promesse non-tenue de 2017 au sujet des personnes sans-abris : «En juillet 2017, vous avez déclaré "La première bataille c’est de loger tout le monde dignement. Je ne veux plus, d’ici la fin de l’année, avoir des hommes et des femmes dans la rue, dans les bois ou perdu".»

Votre absence de vision vous a aussi ôté la vue

Et de poursuivre dans la même veine : «Mais simultanément vous avez baissé durement les APL qui aident les plus pauvres à se loger, vous avez réduit les budgets des centres d’hébergement d’insertion pour les sans domicile, vous avez coupé une part importante des moyens dédiés à la construction de logements sociaux, coupé drastiquement dans les emplois aidés, supprimé l’ISF, ce qui a eu, entre autres conséquences, de faire chuter les dons aux associations qui luttent en faveur des plus démunis.»

Lui reprochant en outre de n'avoir pris «aucune mesure ambitieuse» afin notamment d’encadrer «les loyers dans toutes les villes ou le coût du logement étouffe le budget des plus fragiles», elle s’émeut de l’aveuglement du locataire de l’Elysée face à l’augmentation de la précarité : «Où comptiez-vous les mettre, ces gens que vous ne vouliez plus voir dans la rue Monsieur le président, alors que vous preniez toutes ces mesures qui allaient provoquer l’effet inverse ? Il y en a de plus en plus tous les jours, des femmes, des hommes, et des enfants qui vivent, dorment et meurent dans les rues de France. Mais peut-être votre absence de vision vous a aussi ôté la vue.» 

Enfin, elle conclut son message en expliquant que les bénéfices de sa représentation au Zénith de Paris, le 31 mars dernier, avaient été reversés à deux associations luttant entres autre l'exclusion de personnes en précarité : Les Enfants du canal et la Fondation Abbé Pierre.

Le 11 octobre dernier, Anne Brunner, chef de projet d'un rapport de l'Observatoire des inégalités consacré à la pauvreté, avait fait savoir qu'entre 2006 et 2016, le nombre de personnes pauvres vivant sous un seuil établi à 50% du revenu médian (soit 855 euros par mois pour une personne seule) était passé de 4,4 à 5 millions.

Lire aussi : La pauvreté en France continue d'augmenter selon l'Observatoire des inégalités