France

Jugé pour fraude fiscale, Dieudonné opte pour la stratégie du silence

Habitué des tribunaux, l'humoriste controversé se retrouve cette fois jugé pour fraude fiscale, blanchiment et abus de biens sociaux. Clamant son innocence, il a refusé de répondre aux nombreuses questions de la présidente du tribunal.

«Je crois que tout est dans le dossier [...] Je vais exercer mon droit au silence» : c'est la ligne de défense qu'a adoptée Dieudonné M'Bala M'Bala pour son premier interrogatoire le 27 mars, au deuxième jour de son procès à Paris.

Condamné à plusieurs reprises pour antisémitisme, injure et provocation à la haine et à la discrimination raciale, l'humoriste controversé est cette fois poursuivi pour fraude fiscale, blanchiment, abus de biens sociaux et organisation frauduleuse d’insolvabilité. La Direction générale des finances publiques, mais également la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), figurent parmi les parties civiles.

Le polémiste et sa compagne, Noémie Montagne, sont jugés jusqu'au 3 avril pour abus de biens sociaux aux dépens des Productions de la Plume, société qui gère les spectacles de l'humoriste controversé. Si Noémie Montagne est la dirigeante de droit de l'entreprise, la justice soupçonne que son époux n'en soit le gérant dans les faits. Le couple et leur société seront aussi jugés pour fraude à la TVA, pour dissimulation de recettes. Les autres chefs d'accusations portent quant à eux sur Dieudonné.

S'adressant à ce dernier, la présidente du tribunal correctionnel a interrogé : «Vous n'apparaissez pas comme gérant de la société, pas forcément comme expéditeur ou récepteur de fonds : une interprétation serait que vous avez sciemment voulu disparaître pour faire en sorte de ne pas être poursuivi.» Celui-ci a botté en touche, refusant de répondre, tout comme sa compagne qui s'est néanmoins dite «innocente».

Au sujet des 657 000 euros retrouvés en espèces au domicile de l'humoriste controversé en 2014, la présidente a interrogé : «Pourquoi cet argent est au domicile et pas sur les comptes bancaires de la société, qui en avait plusieurs ?» Elle a également souhaité obtenir des réponses, en vain, sur l'absence de caisse enregistreuse et l'impossibilité de payer par carte dans le théâtre de la Main d'or, dont Dieudonné a depuis été expulsé. 

Arrivé en bermuda et vêtu d'un chapeau en forme d'ananas la veille lors de l'ouverture de son procès, Dieudonné, cité par l'AFP, a affirmé : «Je ne suis un exilé ni politique, ni fiscal, je suis un patriote de l'impôt.»

«Ces dernières années, on s'est fait jeter des banques, condamner à une situation qui va être parfaitement expliquée», a-t-il en outre promis. Concernant sa stratégie du silence, il a ajouté : «C'est un choix de défense, lorsqu'on veut être précis, de ne pas laisser place à l'interprétation.»

Les investigations, déclenchées en 2013, ont mis au jour quelque 1,4 million d'euros en liquide accumulés entre 2009 et 2014 par l'humoriste controversé de 53 ans, qui se disait à l'époque ruiné et insolvable, et ses proches.

Le magistrat Renaud Van Ruymbeke, dans son ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, écrit que ces sommes proviendraient du «prélèvement de la majeure partie des recettes en espèces des Productions de la Plume lors des spectacles donnés au théâtre de la Main d'or ou en tournée».

Lire aussi : Le parquet de Paris requiert un procès contre Dieudonné pour fraude fiscale