France

Accusé d'avoir projeté d'assassiner un opposant congolais, un ancien de la DGSE abattu

Daniel Forestier, qui a servi la France à la Direction générale de la Sécurité extérieure pendant 14 ans, est décédé en Haute-Savoie, atteint par plusieurs balles. Il était notamment mis en examen dans une enquête sur un projet d'assassinat.

Qu'est-il arrivé à Daniel Forestier ? Le corps de l'homme, ancien agent du service action de la Direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE), a été retrouvé criblé de balles la semaine du 18 mars en Haute-Savoie. Son décès suscite de nombreuses interrogations, car le mode opératoire s'apparenterait à une exécution : l'autopsie a en effet révélé cinq impacts de balles sur la victime, dont un au niveau du cœur et un autre dans la tête. Plus encore, le nom de l'ex-agent des renseignements était cité dans le cadre d'une affaire de projet d'assassinat d'un opposant congolais en région parisienne, de quoi donner une allure de roman d'espionnage à l'enquête sur son assassinat.

Après la découverte du corps, le parquet de Thonon-les-Bains avait immédiatement ouvert une enquête pour assassinat. Le dossier a ensuite été repris le 25 mars par la Juridiction interrégionale spécialisée de Lyon, précise l'AFP.

14 années à la DGSE

Cette même juridiction avait mis en examen Daniel Forestier en septembre dans le cadre d'une enquête sur un projet d'assassinat ayant visé le général Ferdinand Mbaou, un opposant au président congolais Denis Sassou Nguesso réfugié en France depuis près de 20 ans.

On a du mal à croire que ce meurtre soit sans lien avec sa mise en cause dans l’affaire Mbaou

Daniel Forestier et un autre ex-agent des services de renseignements extérieurs français, Bruno Susini, avaient été inculpés «d'association de malfaiteurs» et «détention d'explosifs». «On a du mal à croire que ce meurtre soit sans lien avec sa mise en cause dans l’affaire Mbaou», a commenté auprès de l'AFP une source proche du dossier. Pour l'avocat de Daniel Forestier, Cédric Huissoud, en revanche, la mise en cause de son client dans le dossier concernant l'opposant congolais était injustifiée. «Mon client avait toujours contesté ces accusations rocambolesques, qui ne reposent que sur un témoignage anonyme», a-t-il confié à la même source. D'après le Dauphiné Libéré, Daniel Forestier, marié et père de deux enfants, était établi à Lucinges (Haute-Savoie) après 14 ans passés au sein de la DGSE.

Sa cible putative se dit «attristée» du décès 

Daniel Forestier était conseiller municipal jusqu'en septembre 2018 et auteur de plusieurs romans aux titres évocateurs tels que Barbouze de la République ou Requiem pour un Savoyard. Interrogé par l'AFP, Ferdinand Mbaou, 62 ans, s'est dit «attristé» par la mort de Daniel Forestier, mais «confiant» pour la suite de la procédure judiciaire. «Il n'était pas seul, il y a d'autres suspects qui permettront à la justice de faire son travail», a-t-il déclaré.

Lire aussi : Renseignements : deux ex-agents de la DGSE écroués pour intelligence avec une puissance étrangère