Le maire du Havre, Luc Lemonnier (ex-Les Républicains), a annoncé le 21 mars sa démission pour «protéger sa famille» sur fond de polémique liée à la diffusion de photographies de lui nu par une femme qui se dit elle-même victime de l'édile : «J’ai décidé de présenter ma démission de mes fonctions et mandats à la ville du Havre et à la communauté urbaine. Cette décision, mûrement réfléchie, s’est imposée à moi en raison de la nécessité de protéger ma famille et mes proches», a-t-il fait savoir dans un communiqué.
Luc Lemonnier, 50 ans et père de quatre enfants, avait remplacé en mai 2017 l'actuel Premier ministre Edouard Philippe, dont il est proche, à la tête de la ville portuaire de plus de 170 000 habitants. Interrogé par l'AFP, Matignon n'a pas souhaité faire de commentaire.
En juin 2018, Luc Lemonnier avait déposé plainte pour diffamation et diffusion de photographies de lui nu à des conseillers municipaux ainsi qu'à Edouard Philippe. Selon son avocat, cette plainte avait été classée sans suite et la personne à l'origine des faits avait écopé d'un rappel à la loi.
«Des conseillers municipaux ont été destinataires d'une photo du maire nu accompagné d'un texte qui prêtait au maire des comportements qu'il dément», a expliqué à l'AFP l'avocat du maire. Le parquet du Havre s'est refusé à tout commentaire sur cette affaire.
Interrogée le 19 mars par France Bleu Normandie, la femme qui avait envoyé ces photographies a assuré avoir voulu, par son geste, dénoncer les clichés envoyés par le maire lui-même deux ans auparavant : «J'avais l'impression d'être seule, que personne ne voulait m'entendre et pour moi, ça a été un viol en fait», a-t-elle affirmé au micro de la radio, souhaitant garder l'anonymat. «Ça a été compliqué, j'ai fait une tentative de suicide. Je suis mariée depuis plus de 20 ans, j'ai des enfants, je suis épanouie dans ma vie de couple, je n'étais pas du tout dans un jeu de séduction», a-t-elle précisé avant d'ajouter qu'elle avait voulu porter plainte mais que cela avait été «compliqué».
Luc Lemonnier, pour sa part, affirme par la voix de son avocat que «la présentation qui en est faite [dans cette interview] ne correspond pas à la réalité des faits.» Et de préciser : «Les mots utilisés l'ont blessé et choqué.»
Le maire a démenti «catégoriquement», dans un communiqué le 20 mars, «les comportements qui lui sont prêtés» et a précisé que «les échanges de messages auxquels il a pu participer sont intervenus dans le cadre de communications virtuelles exclusives de toute contrainte et entre adultes consentants.»
D'après les informations de l'AFP, l'affaire était suivie de près à Matignon, où la démission du successeur d'Edouard Philippe suscite des interrogations en vue des municipales de 2020, la ville du Havre étant un enjeu symbolique pour la majorité.