France

La «Renaissance européenne» de Macron ne suscite l'enthousiasme que dans son camp

Emmanuel Macron a dévoilé ses ambitions pour l'avenir de l'Europe dans une tribune diffusée par plusieurs médias dans les 28 pays de l'Union européenne, la classe politique française a réagi.

Au lendemain de la diffusion de la tribune pour «une Renaissance européenne» d'Emmanuel Macron diffusée le 4 mars partout en Europe, les réactions sont nombreuses dans la classe politique française. Se positionnant contre le «repli nationaliste» et contre le «piège» du «statu quo et de la résignation», le président a fait plusieurs propositions annonçant les thèmes de la campagne de son camp politique. 

Largement sollicités par les médias à réagir, les principaux cadres du camp présidentiel ont serré les rangs derrière le plan d'Emmanuel Macron. «Emmanuel Macron donne le chemin, il donne les propositions, il porte tout ce que la France veut pour l'Europe », a ainsi expliqué le président de l'Assemblée nationale Richard Ferrand sur Europe 1. «Nous voulons mieux d’Europe, et plus d’Europe qui soit concrète, dans la vraie vie des citoyens», a-t-il tweeté dans la foulée.

Côté exécutif, le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux a défini sur France 2 cette tribune «comme un programme pour l'Europe avant d'être un programme de campagne». 
«L'Europe, elle a été cet espace où on a bâti la paix, la prospérité pendant de nombreuses décennies, elle ne l'est plus, il faut que l'on renoue avec ce fil de l'histoire», a-t-il enchaîné.

Plusieurs députés de la majorité ont été amenés à réagir sur la question : «Il serait absolument illusoire d'appeler à une protection de la France sans penser la protection de l'Europe», a par exemple tweeté la députée La République en marche Coralie Dubost lors d'une intervention sur LCI.  

Côté Modem, l'éphémère ministre des Affaires européennes du début du quinquennat d'Emmanuel Macron Marielle de Sarnez a manifesté son enthousiaste devant le projet présidentiel. 

«Oui, l’Europe que nous voulons n’est pas celle du statu quo, c’est celle de la Renaissance européenne», a-t-elle notamment tweeté sur le sujet. 

Le mouvement de droite Agir, issu d'une scission avec les Républicains et dont le président est l'actuel Ministre de la culture Franck Riester, a annoncé rejoindre le président pour cette élection. 

Hors de France, le président de la commission européenne Jean-Claude Juncker a salué «la contribution importante au débat européen» du président français Emmanuel Macron «ainsi que son engagement ferme pour identifier et répondre aux enjeux européens», a déclaré son porte-parole.

Le RN vent debout 

Coude à coude avec le parti présidentiel en tête des sondages, le Rassemblement national (RN) n'a pas manqué de se mobiliser contre le président. «L’avantage des promesses que l’on ne tient pas est qu’on peut les repasser d’élection en élection. L’Union européenne a bafoué toutes les valeurs qu’elle prétendait défendre. M. Macron ne craint pas de les resservir», peut-on ainsi lire dans un communiqué officiel émis par le parti. 

«Il [Emmanuel Macron] a 20 ou 30 ans de retard», a expliqué sur le plateau de BFMTV la tête de liste du RN Jordan Bardella, comparant le programme présidentiel aux anciennes affiches du «Parti socialiste pour les élections européennes». 

«Macron est tout seul sur son projet d'Europe fédérale, à l'heure où TOUS les peuples, partout en Europe, veulent récupérer le pouvoir et veulent plus de souveraineté nationale !», a-t-il tweeté en marge de son intervention sur la chaîne. 

Autre adversaire du président dans cette élection : le leader de Debout la France Nicolas Dupont-Aignan pour qui le président «ment car il promet le contraire de ses actes». Pour le chef du parti souverainiste, la tribune du président maquille des mesures creuses, bureaucratiques et dangereuses par de belles déclarations d’intention. 

Sur RTL, l'eurodéputé LR Geoffroy Didier a évoqué une tribune d’une «très grande banalité», décrivant ensuite des «postures fortes mais la pratique est faible». «Il [Jean-Pierre Raffarin] est en train de s'éloigner des Républicains. Ce n'est pas un drame mais c'est un fait», a-t-il expliqué par ailleurs pour commenter le soutien de l'ancien Premier ministre à Emmanuel Macron pour les élections européennes. 

Une Europe de la «concurrence, de la casse sociale et du conservatisme» pour Manon Aubry 

À gauche, la tête de liste de la France insoumise (LFI) Manon Aubry a qualifié Emmanel Macron de «garant dévoué d’une Union européenne libérale».

«L'Europe de Macron n'est pas celle de liberté, de la protection et du progrès mais celle de la concurrence, de la casse sociale et du conservatisme», a tweeté par ailleurs la jeune candidate en se livrant sur ce réseau social à un argumentaire contre la politique d'Emmanuel Macron.  

«[Emmanuel Macron] ne nous a pas protégés en France. Au contraire, il nous a précarisés», a tweeté de son côté la tête de liste du PCF à l'élection Ian Brossat sur le sujet dans la foulée d'une intervention sur LCI. 

Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste, a décrit un projet européen «pavé de bonnes intentions, en contradiction avec son action» sur Twitter. 

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