«Pour une Renaissance européenne» : dans une tribune publiée le 4 mars au soir dans plusieurs médias européens, le président de la République française livre ses propositions pour l'Union européenne, à deux mois du scrutin européen.
Contre le «repli nationaliste», une batterie de propositions
Le chef d'Etat, comme il l'avait déjà fait par le passé, se présente en adversaire du «nationalisme», contre lequel il met en garde les Européens. «Le repli nationaliste ne propose rien», écrit le président français dans cette tribune, estimant que «ce piège menace toute l'Europe» et dénonçant dans la foulée «l'autre piège, celui du statu quo et de la résignation». Pour répondre aux attentes des citoyens, le chef de l'Etat promet «une Conférence pour l'Europe» chargée de «proposer tous les changements nécessaires [...] sans tabou, pas même la révision des traités».
Le chef d'Etat ne s'arrête pas à cette critique, et liste des propositions pour remédier à la «crise de l’Europe» :
La mise en place d'un «Conseil de sécurité européen associant le Royaume-Uni», pour préparer les «décisions collectives» de l'Union européenne dans le domaine de la défense. Pour le président de la République, l'UE doit se doter d'un «traité de défense et de sécurité» qui définira les obligations des pays de l'UE, en lien avec l'OTAN et les alliés européens de l'UE : «Augmentation des dépenses militaires, clause de défense mutuelle rendue opérationnelle, Conseil de sécurité européen associant le Royaume-Uni».
La remise «à plat [de] l'espace Schengen» afin de rétablir «la liberté en sécurité».
«Réformer» la politique de concurrence en vigueur dans l'UE et instaurer «une préférence européenne»
«Sanctionner ou interdire en Europe les entreprises qui portent atteinte à nos intérêts stratégiques et nos valeurs essentielles»
«Une police des frontières commune et un office européen de l’asile, des obligations strictes de contrôle, une solidarité européenne à laquelle chaque pays contribue, sous l’autorité d’un Conseil européen de sécurité intérieure».
L'instauration d'un «bouclier social» européen qui garantirait notamment la «même rémunération sur le même lieu de travail». «L'Europe, où a été créée la sécurité sociale, doit instaurer pour chaque travailleur, d'Est en Ouest et du Nord au Sud, un bouclier social», estime le chef de l'Etat, évoquant une «même rémunération sur le même lieu de travail et un salaire minimum européen, adapté à chaque pays».
- La création d'une «Banque européenne du climat» pour financer la transition écologique.
L'interdiction du «financement des partis politiques européens par des puissances étrangères». Emmanuel Macron propose également la création d'une «agence européenne de protection des démocraties», chargée de protéger les élections dans chaque Etat-membre des «cyberattaques» et «manipulations». «Nous devons bannir d'internet, par des règles européennes, tous les discours de haine et de violence», plaide le chef de l'Etat dans une tribune publiée à deux mois du scrutin européen.
Le chef de file des libéraux au Parlement européen applaudit
Outre celui de nombreux élus et responsables de la majorité présidentielle, la lettre européenne d'Emmanuel Macron a obtenu le soutien, à l'étranger, de l'eurodéputé et président du groupe ADLE (libéraux-démocrates) au Parlement européen, Guy Verhofstadt.
Au sein de l'opposition française, Iann Brossat, tête de liste communiste aux européennes, ironise sur Twitter : «Macron s'érige en chef de file d'une "Europe qui protège". Qui peut croire qu'un Président qui nous précarise en France va nous protéger en Europe ?»
De son côté, Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la France, fustige de «belles déclarations» qui selon lui «cachent des mesures creuses, bureaucratiques ou dangereuses».