France

Rebondissement dans l'affaire Boulin : 40 ans après, un deuxième juge d'instruction nommé

Le ministre Robert Boulin avait été retrouvé mort dans un étang en 1979. Depuis 40 ans, les circonstances de son décès restent troubles : suicide ou assassinat politique ? Un deuxième juge d'instruction vient d'être nommé pour enquêter.

L'avocate de la fille de l'ex-ministre du travail Robert Boulin – retrouvé mort en 1979 dans un étang de la forêt de Rambouillet – Marie Dosé a fait savoir à l'AFP le 22 février que la famille avait obtenu la nomination d'un deuxième juge d'instruction pour enquêter sur le décès. Le journal 20 minutes a pu consulter une ordonnance émanant du président du tribunal de Versailles dans laquelle il justifiait cette nomination «vu la gravité et la complexité de l’affaire». Ce deuxième juge a été nommé à Versailles «début 2019» après une demande faite le 9 novembre 2018 par Fabienne Boulin, selon son avocate. Fabienne Boulin est convaincue que son père a effectivement été victime d'un assassinat. 

«La lenteur des investigations menées dans un dossier comme celui-là est extrêmement préjudiciable», a argumenté Marie Dosé auprès de l'AFP, ajoutant que les «témoins meurent» et que «les investigations se révèlent compliquées à réaliser si on laisse passer trop de temps». Une nouvelle instruction pour «arrestation, enlèvement et séquestration suivi de mort ou assassinat» avait été ouverte en août 2015. Sauf que, depuis, Fabienne Boulin et son avocate déploraient la lenteur de la procédure. 

Lors d'une conférence de presse en juin dernier, Fabienne Boulin exprimait son inquiétude : «J'ai l'impression qu'on passe à côté de l'essentiel, on passe à côté de témoins qui ne demandent qu'à être entendus.». Une quinzaine de témoins jamais auditionnés auraient pu l'être, avait alors appuyé Marie Dosé, ajoutant que la préfecture de police avait également mis à disposition de la justice plusieurs archives non classifiées des services de police de l'époque, dont des documents ne figurant pas au dossier. 

Ce nouveau rebondissement judiciaire pourrait permettre de relancer l'enquête. Selon 20 minutes, les deux juges ont prévu d’entendre le 22 février le docteur Daniel Jault. Il s'agit du médecin légiste qui avait effectué une autopsie de Robert Boulin et avait notamment confié sur France Inter en 2013 que Robert Boulin avait «reçu des chocs sur la face».

La justice avait conclu à un suicide en 1991 et prononcé un non-lieu, une décision contestée par la famille du défunt qui a toujours soutenu la thèse d'un assassinat politique. Le corps de Robert Boulin avait été retrouvé le 30 octobre 1979 au matin, dans 50 cm d'eau dans l'étang du Rompu à Saint-Léger-en-Yvelines. Officiellement, il se serait suicidé après avoir absorbé des barbituriques. La veille, en quittant le ministère de Travail, il avait déposé des dossiers confidentiels dans son appartement de Neuilly-sur-Seine puis était parti pour une destination inconnue. 

Sa popularité à l'époque avait alors nourri des rumeurs qui le désignaient comme «premier ministrable» du président Valéry Giscard d'Estaing. Or, pour certains, dont le téléfilm Crime d'État, Robert Boulin aurait été la victime du Service d'action civique (SAC), ce dernier essayant de protéger d'éventuelles fuites concernant des financements douteux du parti RPR.

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