Sur des images diffusées en direct sur Facebook par le média en ligne Brut ce 12 février, on peut voir un camion déverser 10 tonnes de boues rouges devant le portail du ministère de la Transition écologique et solidaire à Paris. Après que la boue, décrite comme toxique et radioactive par les écologistes, a été déversée, des militants ont déployé une banderole sur laquelle on pouvait lire : «Boues rouges toxiques, ni en mer, ni à terre, ZEA». ZEA est une association de protection de l'environnement qui concentre son action sur la défense des océans. Elle demande au gouvernement d'interdire de rejeter de disséminer ces «déchets dangereux» et met à disposition du public une pétition en ce sens.
Ni Nicolas Hulot, ni son successeur au ministère, François de Rugy, ne se sont pour le moment attelés à ce dossier qui dure depuis plus d'un siècle. Selon des opposants à cette pratique industrielle, interrogés par 20Minutes en août 2018, aucune avancée n'est à attendre en la matière «puisqu'Emmanuel Macron, alors qu’il était ministre de l’Economie, était favorable à une dérogation pour des rejets en mer.»
Sur le site internet de l'organisation, on peut lire le sens de l'action menée contre le rejet des boues rouges : «Depuis plus de 120 ans, l'usine de production d'alumine de Gardanne, près d'Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône), bénéficie d'un droit de rejeter à terre et en mer ses déchets toxiques. Plus de 30 millions de tonnes de boues rouges toxiques ont été ainsi déversées dans les fonds marins du Parc National des Calanques. ZEA est engagée sur ce combat aux cotés de pêcheurs, de riverains, de scientifiques et de citoyens qui dénoncent la toxicité et la radioactivité de ces boues rouges.»
Alors qu'elle était ministre de l'Environnement, de l'énergie et de la mer, Ségolène Royal avait taclé l'ancien Premier ministre Manuel Valls sur ce sujet des boues rouges et avait déclaré en janvier 2017 sur le plateau de France 2 : «Il faut faire preuve de courage, résister aux différents lobbies. Ce n'est pas toujours ce qui a été fait, souvenons-nous de l'accord donné par Manuel Valls sur le rejet des boues rouges en Méditerranée face au chantage à l'emploi qui n'a pas de sens, car détruire la nature, c'est détruire l'emploi.»
Un an plus tôt, en janvier 2016, plusieurs centaines de militants de l'environnement s'étaient réunis à Marseille afin de manifester leur «Colère rouge», contre le rejet des boues toxiques en plein cœur du Parc national des Calanques, aux portes de Marseille. Ruptly, l'agence vidéo de RT, était sur place.