France

L'exclusion de Jean-Marie : retour sur presque quarante ans de présidence incontestée

L’ex-président du Front national qui a tenu la tête du parti pendant 39 ans, est désormais exclu du parti. Co-fondateur du FN, il l'avait représenté plusieurs fois aux élections présidentielles, se hissant au second tour des élections de 2002.

«Le bureau exécutif du Front National, réuni en formation disciplinaire, a délibéré et a décidé, à la majorité requise, l’exclusion de Jean Marie Le Pen comme membre du Front national», annonce un communiqué diffusé jeudi 20 août à l’issue d’une longue réunion. «La décision complète et motivée sera notifiée prochainement», est-il précisé.

Une issue que ce vieux lion de la politique française, président d'honneur du parti qu'il avait contribué jusqu'à aujourd'hui, n'avait certainement pas envisagée du temps de sa grandeur. L'occasion de revenir sur le parcours de cet épouvantail de la politique française de ces 40 dernières années.

Les débuts de Jean-Marie Le Pen

La carrière politique de l’ex-président du FN a commencé dans les rangs des poujadistes où il a été placé à la tête de la liste d'Union et fraternité française aux élections législatives du 2 janvier 1956. A ses 27 ans, Jean-Marie siégeait déjà à l’Assemblée nationale.

Mais le jeune député ne restera pas longtemps dans les rangs de l’UFF, étant bientôt nommé secrétaire général du Front national des combattants. En 1958, il est réélu député, dans la troisième circonscription de la Seine et rejoint le groupe parlementaire du Centre national des indépendants et des paysans.

Le Pen journaliste

Battu aux législatives dans la troisième circonscription de la Seine, Jean-Marie Le Pen s’éloigne de l’arène politique et a suivra une carrière journalistique au terme de laquelle il deviendra directeur de la publicité aux journaux Minute et Le Crapouillot40. Dans la série «Hommes et faits du XXème siècle», Jean-Marie Le Pen sera chargé de publier différents grands discours d’hommes politiques du XXème siècle, y compris Mussolini et Pétain. Il organisa la campagne de Jean-Louis Tixier-Vignancour, candidat à l'élection présidentielle.

En 1972, il a été appelé à présider le tout nouveau Front national afin d'élargir sa base électorale. Un parti initialement ultraconservateur, traditionaliste et hostile à l’immigration.

Handicapé par sa réputation pétainiste et la présence dans ses rangs de plusieurs anciens responsables du gouvernement de Vichy, les scores électoraux du parti, dans les années 1970, restent faibles. Plusieurs événements violents marquent les débuts du Front national, ses bureaux parisiens ont subi un attentat à la bombe.

La percée du FN

La forte poussée électorale d'un de ses adjoints à Dreux et la médiatisation consécutive de son discours (invitation sur Europe 1, sur des radio privées, puis sur Antenne 2, chaîne de télévision publique) aide Le Pen à acquérir une dimension publique, ce qui aboutit au score national de 10,95 % de la liste qu'il a conduite aux élections européennes de juin 1984.

En 1988 également, Jean-Marie Le Pen crée l'association de financement Cotelec, qui se donne pour mission de «promouvoir l’image et l’action de Jean-Marie Le Pen» : elle accorde régulièrement des prêts importants au FN ou à ses candidats, et lui reverse une partie de ses revenus.

Au fil des années 1980, Jean-Marie Le Pen a été plusieurs fois réélu à son poste de député européen.

Rechute à la fin des années 1990

Jean-Marie Le Pen a  rencontré le plus de succès dans des régions de l'est et du sud-est de la France. Ces résultats s'expliquent en partie par de nombreuses tensions sociales, liées entre autres aux tensions entre communautés d'origine maghrébine et Pieds-Noirs. Des communes provençales huppées telles que Cagnes-sur-mer lui rapportent beaucoup de voix.

Fin 1998, la scission avec Bruno Mégret a fait du mal au Front national, qui perd nombre de ses cadres et des milliers d'adhérents. Le FN chute à 5,7 % aux élections européennes de 1999, n'obtenant que cinq sièges, tandis qu’aux élections présidentielles de 2002, le chef du FN a obtenu 16,86 % des suffrages derrière Jacques Chirac avec 19,88 %. C’était la première fois qu'un candidat d'extrême droite a passé le premier tour d'une élection présidentielle.

La succession

Jean-Marie Le Pen est arrivé quatrième aux élections présidentielles de 2007 avec 10,44 % des voix, ce qui constitue un net recul par rapport au scrutin de 2002.

Le 9 avril 2010, le leader historique de l’extrême droite française a annoncé dans une interview au Figaro qu'il ne se représenterait pas à la présidence du FN à l'issue du prochain congrès du parti et qu'il ne sera pas candidat à l'élection présidentielle de 2012. Il a donné sa bénédiction à sa fille, Marine Le Pen, pour lui succéder à la présidence du parti.

Jean-Marie Le Pen n’a pas arrêté pour autant son activité politique, animant des réunions, des conférences et participant aux grands meetings de Marine Le Pen.