Invité de l'émission C à vous sur France 5 le 29 janvier, l'écrivain François Bégaudeau s'est penché sur la question de la violence en politique, alors qu'en plateau les journalistes critiquaient les débordements commis en marge du mouvement des Gilets jaunes.
S'écartant des idées qui circulent en général dans les médias sur le sujet, François Bégaudeau a proposé d'évaluer la légitimité et la pertinence de cette violence non pas en soi, mais à travers le prisme de sa cause profonde. Pour exposer son point de vue, l'écrivain prend un exemple susceptible de mettre tout le monde d'accord sur le plateau : «Si demain des gens commettaient des violences contre le régime de Bachar el-Assad et qu'il y avait des perturbations dans la rue, des gens qui cassent des vitrines, je suis sûr que tous ici on dirait "C'est normal, leur cause est juste". Bachar el-Assad est tellement un dictateur dégueulasse, que cette violence est légitime.»
L'argument fait mouche, notamment auprès d'un Patrick Cohen qui avoue avec un sourire qu'il soutiendrait sans états d'âmes cette violence contre le gouvernement syrien. Mais le journaliste demeure perplexe quant au parallèle dressé «entre Emmanuel Macron et Bachar el-Assad».
«Ce n'est pas la violence en soi qui vous effraie, c'est la cause pour laquelle on est violent. Le débat ne doit pas être : "Faut-il détruire des vitrines ou pas ?" [...] mais : "Est-ce que la cause des Gilets jaunes est juste ?"», s'applique alors à lui expliquer François Bégaudeau, réitérant qu'une évaluation de la pertinence de la violence en politique ne pouvait jamais être «une évaluation en soi».
L'élection c'est un dévoiement de la démocratie
La journaliste Anne-Elisabeth Lemoine s'immisce alors dans le débat, avançant que dans une démocratie telle que la France, les Gilets jaunes disposent d'autres moyens de s'exprimer que la violence. «La preuve que non, ils n'ont pas d'autres moyens de s'exprimer. Si ils en viennent à faire ça, c'est bien qu'ils considèrent que les courroies habituelles d'expression sont viciées. Et que le jeu électoral est un jeu vicié, qui fait toujours gagner les mêmes et qui a même été programmé pour toujours faire gagner les mêmes», réplique François Bégaudeau.
«L'élection, c'est un dévoiement de la démocratie, il faut bien le savoir», conclut l'écrivain.
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