France

Venezuela : Emmanuel Macron prend position contre Maduro, l'opposition raille le président

Alors que le Venezuela subit une tentative de renversement du président en exercice, Nicolas Maduro, par l'auto-proclamé président Juan Guaido, soutenu par les Etats-Unis, Emmanuel Macron a soutenu cette opération. De quoi motiver les Gilets jaunes ?

En marge des manifestations pro-Maduro et anti-Maduro, Juan Guaido, président de l'Assemblée sous contrôle de l'opposition, s'est autoproclamé «président par interim» du Venezuela le 23 janvier. Il a reçu pour premier soutien, Donald Trump, président des Etats-Unis.

Le 24 janvier, c'est Emmanuel Macron qui a tweeté et soutenu les révoltes anti-Maduro : «Après l’élection illégitime de Nicolas Maduro en mai 2018, l’Europe soutient la restauration de la démocratie. Je salue le courage des centaines de milliers de Vénézuéliens qui marchent pour leur liberté.»

Un message qui n'est pas passé inaperçu parmi les politiques de l'opposition, qui n'ont pas manqué de faire un parallèle avec la situation française. La France subit effectivement depuis le 17 novembre de nombreuses manifestations contre la politique menée par le chef de l'Etat français par le mouvement des Gilets jaunes. Les internautes sont ainsi nombreux à railler la réaction d'Emmanuel Macron.

La député de La France insoumise (LFI) Caroline Fiat s'est adressée directement au chef de l'Etat : «Monsieur Emmanuel Macron ce n'est pas un mouvement, c'est un coup d'Etat au Venezuela, en dehors de toute réflexion démocratique. Pendant ce temps, le président de la République n'écoute pas et réprime un mouvement social en France #GiletsJaunes»

Le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon a quant à lui déduit du tweet du président que «pour Macron, une élection démocratique est "illégitime" et un coup d'Etat d'extrême droite soutenu par Trump et Bolsonaro "restaure la démocratie"». «C'est trop», a-t-il poursuivi.

Le coordinateur des jeunes écologistes de Toulouse, Raphaël Négrini, a lui aussi questionné, directement, Emmanuel Macron : «On en parle de ton élection et du courage de centaines de milliers de Gilets jaunes qui marchent pour la liberté et la démocratie ?»

Le militant antiraciste et socialiste, ex-membre du bureau national du Parti socialiste (PS), Gérard Filoche a quant à lui d'abord posé une question : «En quoi l'élection de Maduro est illégitime ?» Gérard Filoche a jugé que «cela fait 20 ans» que la droite au Venezuela «perd les élections, alors elle les boycotte, d'où un fort taux d'abstention». Et il s'est interrogé, dans ce cas, sur la légitimité de l'élection d'Emmanuel Macron puisque l'abstention vénézuélienne serait moindre que lors des législatives françaises de 2017, qui se sont conclues par une domination de l'Assemblée nationale par les marcheurs.

Le député communiste Fabien Roussel est surpris de voir le président Emmanuel Macron soutenir «un putsch au Venezuela». «Lui qui est si contesté, élu par 24% des francais, rejeté par 75% au bout de 18 mois et qui subit une révolte sociale [...] demande sa destitution ?!», s'est-il également étonné.

Ces interrogations portent moins sur la légitimité d'Emmanuel Macron en tant que président de la République que sur sa légitimité à remettre en cause, plusieurs mois après son élection, la légitimité d'un chef d'Etat souverain. Les contextes politiques des deux pays sont différents : si aucun de ses adversaires n'a contesté la légalité de l'élection d'Emmanuel Macron, la victoire de Nicolas Maduro le 20 mai 2018 a aussitôt été contestée, notamment par son principal concurrent, Henri Falcon. Celui-ci avait rejeté le processus électoral, et dénoncé des irrégularités, avant de demander l'organisation d'un nouveau scrutin. Dans la foulée, l'Union européenne et les Etats-Unis avaient eux aussi contesté la régularité du scrutin et donc la légitimité de Nicolas Maduro.

Parmi les soutiens du président, le candidat aux futures municipales de Barcelone, l'ex-Premier ministre français Manuel Valls a pour sa part remercié Emmanuel Macron en espagnol : «Gracias».

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