France

Le gouvernement exclut l'idée d'abandonner l'usage des LBD dans les manifestations

Interrogé devant le Sénat sur la possibilité d'interdire l'usage des Lanceurs de balles de défense pour le maintien de l'ordre, Laurent Nunez a balayé l'idée, arguant du fait que des policiers auraient pu être «lynchés» sans ces armes.

La sénatrice Esther Benbassa a profité de de la traditionnelle séance de questions au gouvernement ce 17 janvier pour évoquer l'idée d'abandonner l'utilisation des lanceurs de balles de défense (LBD, dont le «flashball» fait partie), par les représentants de la force publique dans le cadre des opérations de maintien de l'ordre, une demande déjà formulée par le défenseur des droits, Jacques Toubon. 

«N'est-il pas temps de mettre un terme à cette répression d'une brutalité intolérable et d'interdire, comme le préconise le défenseur des droits, l'utilisation d'armes non létales par les forces de l'ordre ?», a demandé, sous les hués d'une partie des sénateurs, l'élue Europe-Ecologie-Les Verts (EELV) au ministre de l'Intérieur au terme d'un discours dénonçant les violences policières et les tirs non réglementaires ayant émaillé les mobilisations des Gilets jaunes.

Répondant au nom du gouvernement, le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur, Laurent Nunez, est revenu sur le contexte des manifestations des Gilets jaunes, caractérisé par des manifestations «non déclarées» et «non encadrées». Sur l'attitude des manifestants, le secrétaire d'Etat a évoqué des personnes qui «pas parfois, mais très souvent, s'en prennent de manière extrêmement violente et agressive aux policiers» en leur jetant des projectiles.  

«Et beaucoup [de policiers] nous disent qu'ils ont le sentiment plutôt qu'on cherche à les tuer», a expliqué plus tard le secrétaire d'Etat avant de souligner que l'usage des armes pour «la riposte» se faisait de manière «proportionnée» par des forces de l'ordre présentes pour «protéger» les manifestants. Quant aux LBD, ils ne sont utilisés, selon Laurent Nunez, que lorsque les policiers sont «vraiment acculés» et dans «des conditions très strictes». 

«Et je peux vous dire que si les policiers [...] ne faisant pas usages de ces moyens de défense, peut-être que certains d'entre eux auraient été lynchés», a conclu le secrétaire d'Etat pour balayer l'hypothèse d'une interdiction des LBD.  

Le 10 janvier, un rapport remis par le défenseur des droits, Jacques Toubon, au président de l'Assemblée nationale préconisait l'interdiction des LBD pour le maintient de l'ordre, jugeant «dangereux et problématique» la portée du LBD40, le modèle le plus répandu. La même arme était aussi jugée «susceptible de blesser grièvement» et d'engendrer des «réactions imprévisibles» de la part de manifestants témoins d'une telle scène. 

Lire aussi : Des policiers reconnaissent des «actes violents», mais invitent les politiques à endosser l'uniforme