Le chef de l’Etat a adressé le soir du 13 janvier, avec un peu d’avance, sa lettre aux Français alors que la mobilisation des Gilets jaunes connaît un regain depuis le début de l’année 2019. Cette initiative est censée précéder le grand débat national promis par Emmanuel Macron, qui doit débuter le 15 janvier. Et tout comme le grand débat, qui fait face aux critiques avant même son coup d'envoi, le contenu de la lettre présidentielle n'a pas fait l’unanimité au sein de la classe politique. Nombre de ses représentants, de droite comme de gauche, ont fustigé la démarche du locataire de l’Elysée tant sur la forme que sur le fond.
L'opposition de gauche ne mâche pas ses mots
Le chef de file de La France insoumise (LFI), Jean-Luc Mélenchon, a publié une longue déclaration sur sa page Facebook, intitulée Le coup du grand débat, dans laquelle il explique que la démarche du président de la République «confirme l’incompréhension de Macron sur la nature du moment politique en cours». «Imagine-t-on Mai 1968 se terminant dans un colloque décentralisé de cette sorte ?», ajoute le député de Marseille. Sur le fond du texte, il déclare : «Cette lettre sera un flop. Bavarde, sans angle qui souligne les enjeux politique, elle faufile son discours entre les sujets qu’elle aborde de façon erratique. La demande de clarté et de sincérité qui monte du pays se dilue ici dans une dissertation laborieuse et chafouine.»
Le député insoumis Eric Coquerel a regretté un débat qui ne permettra pas de revenir sur les principales trajectoires économiques prises par l’exécutif. Si Emmanuel Macron a en effet fait savoir qu’il n’y aurait «pas de question interdite» lors du grand débat, il a prévenu que le gouvernement ne reviendrait pas sur les mesures fiscales déjà adoptées. «Le peuple peut débattre, Jupiter tranchera. Hors sol», s’est insurgé l’élu de Seine-Saint-Denis.
Même tonalité du côté de Ian Brossat. Pour l’adjoint communiste au logement à la Ville de Paris, Emmanuel Macron «balaye d’un revers de la main le possible rétablissement de l'ISF». Une revendication qui est, selon lui, «soutenue par 77% des Français».
Toujours à gauche, Benoît Hamon n’est pas plus tendre avec Emmanuel Macron. Le chef de file de Génération-s a notamment dénoncé l’absence d’un débat sur «le rôle du président de la République».
Une lettre illisible selon la droite et le RN
A droite, chez Les Républicains (LR), le député Eric Ciotti a dénoncé «une lettre creuse qui n’apporte aucune solution concrète à la colère populaire», tandis que Jean Leonetti, premier vice-président et vice-président délégué du parti, a regretté «des sujets tabous», «des questions orientées» et «une ligne politique maintenue».
De son côté, le leader de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan, a exhorté Emmanuel Macron à cesser son «bla-bla».
Interrogé par France 3, l'eurodéputé du Rassemblement national (RN) Nicolas Bay a jugé que le président de la République essayait de «gagner du temps face à la colère des Français» : «La lettre de Macron part dans toutes les directions... Il essaie en réalité de gagner du temps face à la colère des Français, avec des questions fermées, orientées», a-t-il dénoncé.
Pour sa part, le président des Patriotes Florian Philippot a qualifié la lettre de «longue» et «illisible», estimant que certains «sujets fondamentaux» n'étaient pas abordés, notamment la question de l'Union européenne.
La majorité salue l'initiative
La député de la 12e circonscription de Paris Olivia Grégoire a loué l’initiative d’un «président qui pose de vrais enjeux sur la table».
«Dans sa lettre aux Français, Emmanuel Macron pose les bonnes questions et n'évite aucun sujet difficile. Le Grand débat national est l'occasion pour tous de renouer un dialogue respectueux des avis divergents, républicain et responsable», a tweetté Nathalie Loiseau, ministre chargé des affaires européennes auprès du ministre de l’Europe et des Affaires étrangères.
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