France

Crise porcine: la réunion de la dernière chance ?

Alors que la filière porcine connaît un nouvel accès de fièvre inquiétant, le ministre de l'Agriculture est sévèrement critiqué pour sa gestion calamiteuse de la crise. Une réunion cruciale doit se tenir ce lundi.

Retour de vacances à haut risque pour le gouvernement. Ce lundi, Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture, va tenter de renouer les fils d'un dialogue interrompu depuis une semaine maintenant entre les éleveurs de porcs français et les distributeurs. Une situation sous haute-tension.

Depuis lundi dernier, la cotation au marché du porc de Plérin dans les Côtes d'Armor -qui fixe le prix du cochon au niveau national- est suspendue, deux des plus gros industriels du secteur, Bigard et Cooperl, ayant décidé de boycotter la place.

Ces derniers réclament «un retour à un prix de marché libre» en fonction de l'offre et de la demande et disent refuser de financer «un cours "politique" pour soutenir la production porcine française». En effet après la montée de fièvre des éleveurs au printemps, le gouvernement avait préconisé à la mi-juin un prix d'achat du porc à 1,40 euro le kilo, correspondant à la moyenne du coût de production. «Trop !» pour les acheteurs de cette filière qui lorgnent volontiers sur le cochon allemand, 28 centimes moins cher au kilo, ou celui hollandais plus économique de 38 centimes.

Embargo russe et crise française

Xavier Beulin, le président de la FNSEA, principal syndicat agricole français, pointe dans cette crise la responsabilité directe de l'Europe. «Il faut que le ministre cette après-midi prenne l'engagement de faire tout le travail nécessaire auprès de ses collègues européens pour qu'enfin la Commission européenne, face notamment à l'embargo russe qui est une des causes de cette situation dramatique en France et en Europe, puisse trouver des solutions» a-t-il déclaré lundi matin sur France 2.

Privée en effet depuis plusieurs mois de débouchés sur le marché russe, la filière porcine française semble en effet au bord du gouffre. Daniel Picard, le président de la bourse aux cochons de Bretagne déclarait ainsi vendredi dernier: «Cette table ronde va décider de la vie ou de la survie du Marché du porc breton, et évidemment, après ça, de la vie et de la survie de la filière porcine». 

Du côté de l'opposition les critiques pleuvent sur la gestion de la crise par le gouvernement et son manque d'anticipation. Pour Thierry Mariani, le gouvernement est totalement «dépassé» et ne semble pas prendre «la mesure de la détresse, de la souffrance des agriculteurs». Même son de cloche chez Yves Jégo : «Sans doute aurait-il fallu anticiper et sans doute M. Le Foll n’a rien anticipé, il court après les problèmes». Le député UDI dénonce également la lourdeur des charges qui pèsent sur les agriculteurs et qu'il conviendrait selon lui d'alléger au plus vite.

Si les responsables syndicaux agricoles ont appelé au calme jusqu'à la rencontre de cette après-midi, les choses pourraient rapidement se corser. Ainsi Didier Lucas, président de la FDSEA des Côtes-d'Armor, a déjà prévenu: «Après la table ronde, on ne pourra pas continuer à rester comme ça».