Invités à débattre de la loi contre la «manipulation de l'information» sur le plateau de l'émission Interdit d'interdire le 28 novembre, le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF) Christophe Deloire et l'avocat Jérémie Assous (qui défend par ailleurs les intérêts de RT France) se sont écharpés autour de la notion de liberté d'expression.
«Vous donnez ce pouvoir au législateur qui lui-même le délègue au juge. C'est dément !», lance l'avocat, avant d'ajouter : «Vous avez peut-être entendu parler d'Edward Snowden. Au niveau des surveillances de masses, les Etats occidentaux n'ont pas grand-chose à envier aux Etats dits totalitaires.»
«Je pense que vous devriez vous rendre dans les deux pays [les Etats-Unis et la Chine] et voir comment cela se passe», répond alors Christophe Deloire, dénonçant le «relativisme» de son interlocuteur.
Et Jérémie Assous de citer Noam Chomsky : «La propagande est à la démocratie ce que la matraque est à la dictature.»
«Je connais très bien Chomsky […] En Chine, il serait en taule», lance alors Christophe Deloire. Et l'avocat de répondre : «Et il est où Assange ?»
Parmi les autres invités à l'émission, animée par Frédéric Taddeï, se trouvait notamment Cédric Mathiot, créateur de l'outil de Libération Check News, qui a pour sa part émis un regret : «La manière dont l’exécutif a posé ce thème des fake news était très piégeuse parce qu’en fait c’est [présenté comme] Macron contre RT, ou Macron contre les méchants […] Et nous on s’est retrouvés embrigadés avec Macron contre les vilains. Mais ce n’est pas du tout ça, le fact-checking en France.»
Il a en outre reconnu que RT, particulièrement ciblé lors de la campagne présidentielle de 2017, n'avait pas diffusé de fake news. Et de poursuivre son raisonnement : «En revanche, il y a une ligne [éditoriale] qui est ultra claire. Comme d'autres médias ont des lignes [éditoriales].»
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