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Commémoration aux Invalides : «Une histoire française comme on aime les faire, compliquée et tordue»

L'exécutif a multiplié les cafouillages sur les commémorations de la Grande guerre. Dominique Lépine, président de l'Union fédérale des associations françaises d'anciens combattants et victimes de guerre, s'est confié à RT France sur le sujet.

En pleine «itinérance mémorielle», Emmanuel Macron enchaîne les mauvaises expériences et se voit contraint de gérer une polémique sur l'héritage historique de Philippe Pétain alors que les commémorations du centenaire de l'armistice approchent à grands pas. Le président français a notamment déclaré à Maubeuge ce 8 novembre qu'il s'agissait d'une «fausse polémique», issue de la «boîte à la folie» des médias et s'est plaint qu'on lui fasse un «mauvais procès» dans cette affaire. En réalité, cette nouvelle polémique vient s'ajouter à une autre qui date du mois d'octobre et qui a moins défrayé la chronique : l'exécutif piétine depuis plusieurs semaines et a beaucoup hésité sur la forme à donner à ces commémorations, les 10 (aux Invalides, en l'honneur des maréchaux de la Première guerre mondiale) et 11 novembre dans la capitale.

Dominique Lépine, président national de l'Union fédérale des associations françaises d'anciens combattants et victimes de guerre, a notamment écrit un courrier à Emmanuel Macron, dans lequel il disait son incompréhension quant à la tournure que prenait la commémoration du 11 novembre qui devait se faire sans la présence des associations d'anciens combattants : «Pour des raisons qui m’apparaissent obscures, vous avez jugé judicieux d’écarter ceux qui méritent le plus d’être au cœur de cette cérémonie mémorielle : ceux qui iront encore s’il le faut, obéissant à vos ordres, verser leur sang et ceux qui, sous vos ordres, l’ont déjà versé.» A l'époque, il était question de déployer une cérémonie dans la capitale a minima, qui n'aurait déplu à aucun des 100 dirigeants étrangers qui seront présents le 11 novembre et en particulier la chancelière allemande, Angela Merkel, selon certains analystes.

Depuis lors, le vent a tourné, plusieurs fois sur le sujet des commémorations des 10 et 11 novembre, mais l’ambiguïté demeure sur les événements. Pour en savoir plus, RT France a interrogé Dominique Lépine.

RT France : Quel était le sens de votre courrier au président de la République ?

Dominique Lépine : En tant que président de l'Union fédérale, ma position est strictement apolitique, mais je voulais rappeler que le monde combattant honorait non pas une victoire, mais ses morts. C'est l'essentiel de nos cérémonies : les associations ne vont déposer des gerbes de fleurs que devant des sépultures. Je voulais également préciser dans ma lettre que si nous n'étions pas présents, les drapeaux de notre fédération ne pouvaient l'être non plus.

RT France : Mais depuis, la situation a évolué ?

Dominique Lépine : Finalement, les associations ont été invitées, donc le 11 novembre je serai présent.

RT France : Que vous évoque la polémique autour de Philippe Pétain ?

Dominique Lépine : Sur les plateaux de télévision, certains vont jusqu'à qualifier les maréchaux de criminels de guerre... On entend un peu de tout. De nombreux maréchaux de toutes les guerres françaises sont enterrés aux Invalides, mais maintenant, ils ne parlent que d'un hommage aux cinq de la Première guerre mondiale [qui sont inhumés aux Invalides]. C'est un peu surprenant tout cela. En tout état de cause, Pétain a été déclaré indigne... Que certains aient leur sentiment personnel à son propos, cela les regarde, mais de lui je ne retiens qu'une chose : il était colonel quand la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat est passée en 1905 et on demandait alors aux gradés de faire quelque peu la chasse aux soldats qui allaient à la messe. A cette demande, il a répondu : «Comme je suis au premier rang à la messe, je ne peux pas vous donner les noms de ceux qui se trouvent dans mon dos.» 

RT France : Au regard de l'histoire, comment jugez-vous le piétinement du gouvernement sur le sujet de la commémoration et de la hiérarchisation des honneurs qui semble s'organiser ?

Dominique Lépine : C'est du désordre tout cela, mais moi, je n'y ai pas participé. De toute façon, il y a une règle pour devenir maréchal, en France et ailleurs : il faut avoir été sur le terrain face à l'ennemi pour le devenir. D'ailleurs, dans mon association, on ne donne jamais les grades et moi-même, je refuse qu'on me nomme par mon grade. On se tutoie tous et on s'appelle «camarade».

RT France : A qui attribuez-vous l'idée de rendre hommage aux huit maréchaux de la Grande guerre aux Invalides ? Emmanuel Macron ne sera pas présent et il a été dit que c'était une initiative de l'armée...

Dominique Lépine : Pour moi, Lecointre [le chef d'état-major des armées qui présidera la cérémonie du 10 novembre aux Invalides] est hors du coup ! C'est une histoire française comme on aime les faire : compliquée et tordue !

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