France

Un bidonville menacé d'expulsion en perspective de la Conférence Climat

Malgré un projet social monté par des associations avec la coopération des 300 habitants du Samaritain, le plus vieux bidonville d'Île-de-France situé à la Courneuve risque d'être démantelé à partir du 15 août.

Sur le papier, le projet était pourtant solide et viable: une sortie progressive permettant aux habitants de s'insérer via des études et l’activité professionnelle.

Des ONG et des associations tels Médecins du monde ou la Fondation Abbé Pierre avaient travaillé sur cette initiative d'accompagnement social, d’accès aux soins, de scolarisation et de formation. Un plan de retrait des ordures, de sécurisation du bidonville et des constructions de logements avaient même été élaborés. 

Selon Pierre Chopinaud, l'un des porteurs du projet et membre de l'Association la Voix des Roms, le projet avait été présenté à la municipalité dés l'automne dernier: « Nous voulions éviter l'évacuation et présenter une initiative de la société civile» explique-t-il à RT France.

Pourtant, la municipalité de la Courneuve a choisi l'expulsion. Pour Pierre Chopinaud, pas de doute «la mairie a fait la sourde oreille».

«Elle craignait que cela pérennise le bidonville alors que ce n'était pas le but du projet. Mais la ville avait pris une décision de principe depuis longtemps car elle voulait que le bidonville disparaisse» estime-t-il

La préparation de la Conférence sur le climat ne semble pas étrangère non plus à cette décision: «Le commissaire de police, mandaté par le préfet, est venu dans le bidonville pour faire quelques repérages avant la destruction du lieu. Il nous a dit, mais de façon non officiel, qu'étant donné la tenue de la COP21, tous les bidonvilles de la périphérie de Paris seraient «nettoyés»».

Après l'expulsion, aucune solution de relogement n'est prévue

Devant le silence des autorités, les associations de défense des Roms ont décidé de lancer une pétition en ligne

Mais l'inquiétude monte à l'approche de la date butoir du 15 août, d'autant qu'aucune solution de relogement n'a été envisagée par des autorités visiblement seulement pressées de démanteler le bidonville. 

«Une circulaire contraint pourtant l'Etat à envisager une solution de relogement. Le Maire renvoie la responsabilité sur l'Etat, la préfecture. Mais le commissaire mandaté par le préfet m'a indiqué qu'il n'y a «aucun diagnostic social» d'établi, c'est à dire qu'il n'y a aucun plan de relogement envisagé pour plus de 300 personnes. Il a également précisé que de toute façon l'Etat ne le ferait pas car il ne veut pas s'embarasser de cela».

Une «logique d'irresponsabilité et d'ignorance» selon les associations qui va ainsi peser sur 300 personnes.