Favori du second tour de l'élection présidentielle brésilienne, le candidat du Parti social-libéral (PSL), Jair Bolsonaro, a été élu chef d'Etat ce 28 octobre, l'emportant, avec 55,13 % des suffrages, sur son adversaire de gauche, Fernando Haddad.
Plus souvent décrié qu'admiré par la presse internationale, le président brésilien élu est fréquemment présenté comme un «Trump tropical». Son arrivée au pouvoir n'a pas tardé à faire réagir différentes personnalités publiques de part et d'autre de l'échiquier politique français.
En premier lieu, Emmanuel Macron a réagi sobrement à l'élection de son homologue brésilien à travers un communiqué de l'Elysée. Un texte dans lequel la présidence française vante «un partenariat stratégique [franco-brésilien] noué autour des valeurs communes de respect et de promotion des principes démocratiques». Le président de la République exprime en outre sa volonté de poursuivre sa «coopération» avec le Brésil.
«Aucune démocratie n'est à l'abri» vs. «Bonne chance»
D'une façon générale, la majorité de la classe politique française a affiché son irritation après la victoire de Jair Bolsonaro.
Au sein de La République en marche (LREM), les élus n'ont pas caché leurs inquiétudes quant à la sauvegarde de la démocratie.
Aurore Bergé, porte-parole du groupe parlementaire LREM, majoritaire à l'Assemblée nationale, a par exemple estimé qu'«aucune démocratie [n'était] à l'abri», expliquant que «les démocrates [et] les libéraux [avaient] une obligation de résultat»
Son camarade politique Sacha Houlié, député de la Vienne, a pour sa part déploré «un nouveau recul de l’espace des libertés et de la justice sociale», considérant la situation comme une ensemble «de nouveaux défis pour les progressistes».
Député LREM du Val d'Oise, Aurélien Taché s'est inquiété de l'arrivée au pouvoir de Bolsonaro, attribuant sa victoire à «l’échec d’une gauche populiste au Brésil».
Chez les socialistes et ses anciens membres actifs, l'indignation vise surtout les traits spécifiques de Jair Bolsonaro.
Ainsi, le premier secrétaire du Parti socialiste (PS), Olivier Faure, a rappelé les principales caractéristiques, selon lui, du nouveau président élu : «Xénophobe, homophobe, misogyne, admirateur de la dictature, ennemi des médias, amateur des fake news.»
Candidat malheureux à la présidentielle française de 2017 et fondateur du mouvement politique Generation.s, Benoît Hamon a de son côté, également déploré que le Brésil ait choisi «un chef autoritaire, sexiste, homophobe,raciste et ni[ant] le réchauffement climatique».
Chez les insoumis, les critiques visent plutôt «le soutien des Etats-Unis» et le système «néo-libéral» qui auraient permis la victoire de Bolsonaro.
Si Jean-Luc Mélenchon a fustigé le traitement médiatique du scrutin brésilien par France Info, qu'il a qualifié de «radio qui ment en continu», l'orateur national de La France insoumise (LFI), Djordje Kuzmanovic, a pour sa part attribué la victoire d'«un candidat fasciste, ultralibéral et adoubé par les USA» à ce qu'il a estimé être «un coup d'Etat institutionnel qui a décapité le PT en frappant Dilma Roussef puis Lula». Djordje Kuzmanovic n'a pas hésité à qualifier Jair Bolsonaro de «nouveau Pinochet».
Faisant référence aux deux candidats du second tour, Eric Coquerel, coordinateur du Parti de gauche et député insoumis de la Seine-Saint-Denis, a estimé que «le néo-libéralisme [avait] préféré Hitler au Front populaire».
«Ceux qui ont organisé l’éviction de Lula jubilent», a pour sa part estimé Adrien Quatennens, député insoumis du Nord.
Au Rassemblement national (RN), l'heure est en revanche aux encouragements.
Se détachant des inquiétudes exprimées par ses rivaux politiques, la dirigeante du RN, Marine Le Pen, a souhaité «bonne chance» au nouveau président brésilien, expliquant que les Brésiliens venaient de «sanctionner la corruption généralisée» et «la terrifiante criminalité» qu'elle a attribuées aux «gouvernements d’extrême-gauche» précédents.
Le député RN du Gard, Gilbert Collard, a également estimé que «la corruption de gauche» avait contribué à la victoire du candidat nationaliste, souhaitant à ce dernier : «Bon courage [...] pour redresser le Brésil !»
Nous allons changer ensemble le destin du Brésil
Décrit comme un «fasciste» et accusé d'autoritarisme, d'homophobie ou encore de racisme par ses adversaires, Bolsonaro a promis, le soir du 28 octobre, de défendre «la Constitution, la démocratie, la liberté». «Nous allons changer ensemble le destin du Brésil [...] Ceci n'est ni la promesse d'un parti, ni la parole vaine d'un homme, mais c'est un serment devant Dieu», a-t-il ajouté.
Si ses déclarations polémiques, et notamment son soutien à la junte qui était à la tête du pays de 1964 à 1985, ont quelque peu éclipsé ses propositions de campagne, le représentant du Parti social-libéral (PSL) a porté un projet politique et économique résolument de droite, axé sur la sécurité et la lutte anti-corruption, accompagné d'une politique étrangère alignée sur celle de Washington.