France

Nord : 1,7 millions d'euros de prestations sociales détournées par un réseau dirigé par des Roms

Un réseau de fraude aux allocations sociales pour un préjudice d'au moins 1,7 million d'euros a été démantelé dans le Nord. Trois Roms roumains ont été mis en examen pour escroquerie en bande organisée.

Une opération menée conjointement par la police judiciaire de Lille et la police aux frontières de Valenciennes a permis de démanteler un réseau de fraude aux prestations sociales dans le Nord. Le préjudice de l'escroquerie s'établit au moins à 1,7 millions d'euros, selon des sources proches de l'enquête citées par l'AFP.

Les agents de la Caisse d'allocation familiales (Caf) et du régime social des indépendants (RSI) avaient signalé au milieu de l'année 2017 l'accroissement anormal, en quelques mois, de constitution de dossiers – 1 200 rien que pour le Denaisis – d’autoentrepreneurs par des Roms vivant dans le Valenciennois. Selon une source proche de l'enquête, des jeunes femmes se déclaraient autoentrepreneures dans le recyclage de métaux, puis déclaraient des fausses grossesses prises en charge par le RSI. Des dossiers complètement fictifs étaient également déposés.

«Il s'agissait d'un système frauduleux, dans l'écrasante majorité des cas», précise une source proche de l'enquête. «Ils constituaient des faux certificats de naissance, des fausses cartes d'identité roumaines», ajoute cette même source. L'argent était ensuite transféré en Roumanie et investi notamment dans l'immobilier en Moldavie roumaine, d'où sont originaires «les têtes pensantes du réseau».

«Le clan était à la manœuvre des constitutions de dossiers pour autrui et évidemment gardait le principal des allocations, ne laissant que quelques miettes aux personnes qui constituaient le dossier», a poursuivi cette même source. «Puis ce clan a constitué des dossiers faux, du début à la fin», a-t-elle ajouté.

Trois Roms roumains interpellés

Trois Roms roumains, deux hommes et une femmes âgés de 27 ans et considérés comme les dirigeants du réseau, ont été interpellés, mis en examen pour escroquerie en bande organisée, faux et usage de faux, et écroués. L'un d'eux était déjà incarcéré, soupçonné d'agressions sexuelles sur mineurs. D'autres membres du réseau ont depuis rejoint la Roumanie.

Deux d'entre eux s'étaient installés dans l'est de la France et continuaient à frauder. «Les perquisitions à Strasbourg et Forbach [les 15 et 16 octobre] ont pu montrer qu'ils poursuivaient le système dans l'est de la France, puisque de nombreux dossiers de même nature et toute une série de faux documents ont été découverts», selon la même source. Le manque à gagner pour la Caf de Strasbourg serait d'un peu moins de 100 000 euros et les investigations se poursuivent.

L'enquête a été menée par la police aux frontières de Valenciennes et la division économique et financière de la police judiciaire de Lille.

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