Le 13 octobre dernier, alors qu'il faisait du VTT à la lisière d'une forêt de Haute-Savoie, un citoyen britannique qui travaillait dans la région a été tué par le tir d'un chasseur de 22 ans qui participait à une battue avec une dizaine de ses compères. Si l'accident tragique est venu s'ajouter à la liste des épisodes similaires qui surviennent presque chaque année en France (113 en 2017 selon l'Office national de la chasse et de la faune sauvage), il a surtout donné l'occasion au député La République en marche (LREM) de l'Aude, Alain Péréa, de faire parler de lui.
Sur Twitter, le parlementaire, qui occupe le poste de vice-président de la commission Développement durable de l'Assemblée nationale, a publié un message sous forme d'interrogation : «La chasse ne dure que quatre mois par an. Pourquoi ne pas interdire le VTT pendant la chasse ?», a-t-il écrit en réponse à un article de presse qui donnait la parole à des militants favorables à l'interdiction de la chasse le dimanche.
Le tweet du député de la majorité revêt bien évidemment un caractère provocateur. De fait, celui-ci entendait avant tout souligner la démarche parfois peu encline au compromis des opposants à la chasse, prompts à réagir dès lors qu'un fait divers susceptible d'émouvoir l'opinion se produit.
Reste que la tragédie survenue la semaine passée, à la suite de laquelle une enquête en flagrance pour «homicide involontaire aggravé» a été ouverte, vient ranimer un débat déjà ancien. Le procureur de la République de Thonon-les-Bains a annoncé le 16 octobre que la visibilité était «parfaite» et la zone «découverte» sur les lieux et au moment de l'accident : de quoi écarter tout soupçon quant aux conditions dans lesquelles les chasseurs pratiquent leur activité et s'interroger sur l'opportunité d'autoriser la chasse le dimanche, jour où les forêts sont sensiblement plus fréquentées par les familles, promeneurs et autres sportifs...
Pour l'heure, Alain Péréa ne semble pas devoir s'inquiéter outre-mesure compte tenu des signaux que multiplie l'exécutif ces derniers temps. Fin août, le président de la République Emmanuel Macron annonçait aux représentants des chasseurs, au terme d'une réunion de trois heures en leur compagnie, qu'il actait une réduction de 50% du prix du permis de chasse. La Fédération nationale de chasse (FNC) s'était réjouie de cette mesure supposée donner un second souffle à une pratique qui tombe peu à peu en désuétude. Le nombre de chasseurs, estimé autour de 2,4 millions au milieu des années 1970, n'est plus aujourd'hui que de 1,12 million.
Depuis le 23 septembre, la chasse de tout gibier à plumes et à poil est autorisée sur l'ensemble du territoire français. La France compte parmi les pays où la chasse est la plus vivante et où ses intérêts sont les mieux défendus, notamment grâce à des groupes de pression relativement audibles. En août dernier, c'est la présence d'un lobbyiste pro-chasse lors d'une réunion qui se tenait à l'Elysée qui avait provoqué la démission soudaine du ministre de l'Ecologie Nicolas Hulot.