Dans un rare exemple de cause commune à l'Assemblée nationale, neuf députés issus de différents courants de la droite, de l'UDI au Rassemblement national (RN) en passant par Les Républicains (LR) ou encore Debout la France (DLF), ont signé une proposition de loi proposant d'«instaurer une contribution obligatoire aux frais d’incarcération des détenus».
Pour répondre aux besoins et au financement de l'augmentation du nombre de places dans les prisons, ces élus, parmi lesquels Marine Le Pen (RN) et Nicolas Dupont-Aignan (DLF), estiment que «sachant qu’un détenu coûte en moyenne 100 euros par jour», selon l'Observatoire international des Prisons, une «participation à hauteur de 20%» pourrait être demandée aux personnes incarcérées.
Alléger le coût de fonctionnement des prisons pour le contribuable et, en même temps, responsabiliser et réinsérer les détenus par le travail
Pour justifier cette mesure, ils établissent un parallèle avec le système de santé en France : «Tout citoyen amené à se faire soigner dans un établissement de santé, doit acquitter un forfait hospitalier, s’établissant en 2018 à 20 euros par jour (selon la caisse d’assurance maladie).» «Est-il normal que les malades qui n’ont pas choisi leur état soient pénalisés alors que les détenus qui ont fait le choix de transgresser la loi ne le soient pas ?», s’interrogent-ils.
Afin que les détenus puissent mettre la main à la poche, il faut, d'après ces députés, «rétablir l’obligation de travailler en prison», c'est à dire revenir sur une loi relative au service public pénitentiaire du 22 juin 1987. Les parlementaires jugent que cela permettra d'«alléger le coût de fonctionnement des prisons pour le contribuable et, en même temps, de responsabiliser et réinsérer les détenus par le travail». Cette idée a en revanche été dénoncée par l'Observatoire international des prisons qui a considéré ce 5 octobre sur Twitter que cela revenait à «une logique de marchand de sommeil».
«Un tiers d'entre eux vivent en dessous du seuil d'indigence, c'est-à-dire avec moins de 50 euros par mois et ne peuvent s'acquitter des frais inhérents à la détention donc je vois mal comment ils pourraient payer 20 euros par jour», constate dans les colonnes du Figaro une juriste de l'OIP, Marie Cretenot. Le quotidien précise d'ailleurs que «faute d'emplois suffisants derrière les barreaux, seul un tiers des détenus travaillent, [touchant en moyenne] environ 350 euros par mois». En 2015, Elie Aboud, député LR, avait défendu une proposition de loi qui suggérant la création d'un «forfait carcéral» selon les ressources des prisonniers majeurs. Sans succès.