France

Mort d'Adama Traoré : une énième version à l'issue de la nouvelle expertise médicale

Après plusieurs autopsies et rapports aux conclusions distinctes, une nouvelle expertise a été rendue. Au vu des éléments de contexte qu'ils mettent en avant, les médecins y évoquent une «évolution naturelle» à l'origine de la mort d'Adama Traoré.

Le journal Le Monde a réussi à consulter la dernière expertise médico-légale de synthèse consacrée aux circonstances de la mort d'Adama Traoré.

Ce 2 octobre, dans un article publié sur son site, le quotidien explique la nouvelle thèse mise en avant par les quatre médecins à l'origine du document, celui-ci ayant été rendu aux juges d’instruction le 18 septembre.

Pour expliquer le décès de l'homme alors âgé de 24 ans, les auteurs du dernier rapport médical exposent «un enchaînement de réactions» qui a pu se produire en «cette chaude journée de juillet».

«Stress majeur», «évolution naturelle»...

L'expertise explique que dans un état d'«hypoxémie» (diminution de la quantité d’oxygène dans le sang), Adama Traoré a subi une «hyperviscosité sanguine» provoquée par l’effort et le «stress majeur» liés à la course-poursuite. «Le décès d'Adama Traoré résulte donc de l’évolution naturelle d’un état antérieur au décours d’un effort», estiment les médecins.

S’appuyant sur les différentes pathologies dont souffrait le jeune homme (un «trait drépanocytaire» pour lequel il avait été diagnostiqué et une «sarcoïdose de stade 2», dont il ignorait l’existence), les auteurs de l'expertise concluent donc que c'est sa fuite qui a été à l’origine de sa mort.

Pas de «malformation» du cœur

Toutefois, remettant en cause le raisonnement d'expertises précédentes, le dernier rapport invalide l'assertion selon laquelle Adama Traoré avait un cœur défaillant, expliquant que «sa taille importante était plus certainement due à sa pratique sportive intensive qu’à une malformation» comme le rapporte Le Monde.

Cette partie du rapport a attiré l'attention de Yassine Bouzrou, avocat de la famille d'Adama Traoré : «Les experts affirment d’une part que monsieur Traoré est en très bonne condition physique puisqu’il a un cœur d’athlète et d’autre part que le fait d’avoir couru 437 mètres en 18 minutes constitue pour lui un effort maximal», note-t-il.

La méthode d’interpellation : «insuffisante pour avoir joué un rôle significatif dans le décès d'Adama Traoré» ?

Les auteurs de la dernière expertise médicale s'appliquent dans un premier temps à écarter une corrélation entre la mort du jeune homme et les méthodes d'interpellation. En effet, s'ils admettent qu'une «compression thoracique» a résulté de l'immobilisation d'Adama Traoré avec genoux dans le dos, ils sont catégoriques : «[Cette] asphyxie mécanique […] est insuffisante pour avoir joué un rôle significatif dans le décès de monsieur Adama Traoré.»

Toutefois, les auteurs du rapport ne négligent pas la «position latérale de sécurité imparfaite, due à la présence des menottes» décrite dans les témoignages de sapeurs-pompiers arrivés après le malaise d'Adama Traoré.

Par ailleurs, comme le relève Le Monde, des sapeurs-pompiers appelés à la rescousse ont témoigné que «les gendarmes avaient refusé à plusieurs reprises de retirer les menottes qui l’entravaient, avant de finalement s’y résoudre devant l’absence de pouls».

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