Qui sera le prochain titulaire du perchoir, la présidence de l'Assemblée ? Le poste de président de la chambre basse est convoité pour son importance politique, médiatique et financière : celui qui l'occuppe est le quatrième personnage de l'ordre de préséance de la République. Une place qui est désormais vacante depuis le transfert de François de Rugy vers le ministère de la Transition écologique. Ils sont actuellement quatre à postuler pour cette fonction et à avoir une chance de l'emporter. Nul doute que les députés, dont la majorité appartient à La République en marche (LREM), devraient voter pour un des leurs.
Richard Ferrand : un favori incertain
Ce poste, Richard Ferrand le convoite depuis le début du quinquennat. En juin 2017, soit un peu plus d'un mois après la victoire d'Emmanuel Macron à la présidence, le député, ex-socialiste, proposait de remettre en jeu tous les postes à mi-mandat.
Il faut dire qu'en juin 2017, Richard Ferrand avait vécu comme un affront sa démission forcée du ministère de la Cohésion des territoires, après avoir été englué dans une affaire judiciaire politico-financière. Pour consolation, Emmanuel Macron en personne lui aurait alors proposé la présidence du groupe des parlementaires LREM à l'Assemblée nationale. Mandat qu'il a accepté d'honorer.
Fidèle de la première heure d'Emmanuel Macron, Richard Ferrand semble être le favori. D'autant plus qu'il a reçu le soutien de Yaël Braun-Pivet, initialement postulante au perchoir, avant son retrait le 6 septembre. Toutefois, Richard Ferrand est loin de faire l'unanimité dans les rangs de ses députés pour plusieurs raisons : son ambition clairement affichée, son autoritarisme et les leçons qu'il donne régulièrement aux députés qui s'écarteraient d'un iota de la politique gouvernementale.
Richard Ferrand peut avoir plus à perdre qu'à gagner dans cette élection. Un nouveau camouflet briserait certainement sa légitimité et devrait le pousser à se retirer également de la présidence du groupe parlementaire. «Il y a de la fébrilité» dans son camp, confesse un élu LREM auprès de l'AFP.
Cendra Motin : outsider mais valeur sûre de la macronie
Elle est peu connue du grand public. Pourtant, sa légitimité au perchoir semble déjà acquise. En effet, Cendra Motin possède l'avantage d'être l'un des parlementaires les plus assidus à l'Assemblée nationale. Un atout de taille quand, dans le même temps, les marcheurs sont souvent critiqués pour être les moins actifs. A 43 ans, elle a déclaré sur LCI le 5 septembre, vouloir incarner le «renouveau». Un renouveau que n'incarnerait pas, selon elle, Richard Ferrand. «J'ai envie d'insuffler un climat d'écoute et de respect», a-t-elle insisté auprès de La Chaîne parlementaire. L'élue de l'Isère vante également sa petite expérience au perchoir en tant que vice-présidente de l'Assemblée où elle a dû parfois assurer l'intérim.
Barbara Pompili : pour une continuité avec François de Rugy
Elue à l'Assemblée nationale depuis 2012, Barbara Pompili est d'abord une écologiste du parti Europe Ecologie-Les Verts avant de devenir marcheuse, comme François de Rugy. Elle fut d'ailleurs l'un de ses soutiens lorsqu'il a candidaté pour la primaire du parti socialiste en janvier 2017, puis au perchoir en juin 2017. En tant que présidente de l'Assemblée nationale, Barbara Pompili souhaite renforcer «le lien entre les attentes des citoyens et les instances de pouvoir» ou encore «généraliser l'écologie dans nos institutions».
Elle aussi souhaite incarner le «renouveau» en insistant sur le fait que «l'heure est venue» pour placer une femme à cette fonction.
Philippe Folliot : le candidat qui part de plus loin
Comme il l'avait fait en juin 2017, l'élu du Tarn Philippe Folliot s'est aussi lancé in extremis dans la compétition. Député depuis 2003, il est le candidat le plus expérimenté des marcheurs, et pour le moment des autres postulants. Philippe Folliot fait partie des fondateurs de l'UDI et préside depuis 2016 l'Alliance centriste, parti associé à la majorité présidentielle. Dans un communiqué, il annonce être le «candidat du rassemblement». En outre, il déclare entendre «poursuivre l’ambitieux travail engagé par François de Rugy [en] se pla[çant] dans une démarche d’ouverture, respectueuse de chacun, dédiée à un travail collectif apaisé et exemplaire».
De toutes ces candidatures, un nom ressortira le 10 septembre lors d'un séminaire de rentrée à Tours des parlementaires de la majorité. Dans les coulisses, l'idée de placer une femme parait de plus en plus séduisante pour les marcheurs.
Mathilde Panot et Annie Genevard : deux candidatures pour entretenir la lutte politique
Mathilde Panot veut représenter «la voix du renouveau démocratique, social et écologiste à l’Assemblée». L'élue du Val-de-Marne, 29 ans, sera la candidate officielle pour La France insoumise.
Annie Genevard, quant à elle, représentera Les Républicains (LR). Vice-présidente de l'Assemblée nationale depuis 2017, elle a été adoubée par le patron des LR à l'Assemblée, Christian Jacob. Elle propose d'«incarner un projet de réhabilitation du Parlement face à un pouvoir exécutif qui souhaite son affaiblissement voire sa soumission».
L'ensemble des députés voteront le 12 septembre, jour de reprise, pour élire leur président. Les députés ont donc moins d'une semaine pour se présenter. Nul doute, peu de chances que ce soit un membre de l'opposition qui en ressortira vainqueur, étant donné la présence écrasante des LREM au sein de la chambre basse.
Bastien Gouly