France

Clément Méric : des coups mais pas de poing américain, selon le légiste

C'est l'un des points clés du procès des accusés jugés pour la mort du jeune Clément Méric : le médecin légiste, devant la cour d'assises de Paris, a annoncé ne pas pouvoir conclure à l'usage d'un poing américain.

Le médecin qui a pratiqué l'autopsie de Clément Méric, étudiant tué lors d'une rixe avec des skinheads en 2013 à Paris, a dit ce 6 octobre au procès ne pas pouvoir conclure à l'usage d'un poing américain, une des questions clés du procès.

«Je n'ai pas la possibilité d'affirmer l'utilisation d'un poing américain. C'est un objet métallique lourd, cela aurait entraîné des fractures des os propres du nez, des pommettes, de la zone temporale», a déclaré le médecin légiste devant la cour d'assises de Paris.

Pendant l'enquête, ses conclusions ont été contestées par d'autres experts et par l'accusation. Les juges d'instruction ont choisi de renvoyer devant les assises trois skinheads, dont deux pour des coups mortels portés en réunion et avec arme. Des coups portés à l'aide d'un poing américain et/ou de volumineuses bagues. Un crime passible de 20 ans de réclusion – 15 ans si on exclut l'arme.

Le légiste est donc assailli de questions. Il décrit par le menu chaque «plaie», «contusion» et «griffure» constatée sur le visage de Clément Méric. Le jeune homme avait 18 ans, pesait 66 kg et mesurait 1,80 m. «J'ai fait une dissection complète de l'arrête nasale et je n'ai pas constaté de fractures. S'il y avait eu une fracture du nez, on l'aurait vu à la radio, on ne voit rien», a-t-il expliqué.

A une partie civile qui suggère la possibilité d'une erreur – une autre expertise a conclu à l'existence d'une fracture – le médecin agacé répond : «J'ai disséqué, j'ai regardé. Je ne changerai pas aujourd'hui mes conclusions». «Un coup de poing américain, c'est un objet métallique, excusez-moi, qui défonce», ajoute-t-il.

Les plaies, notamment une blessure de 2 cm sur l'aile du nez, peuvent-elles avoir été causées à mains nues, demande l'avocat général. C'est possible, pour le médecin : «La peau étant fine, elle éclate et donne cette plaie». Il n'exclut toutefois pas l'utilisation de bagues.

Rien qui vienne conforter l'accusation : le principal accusé, Esteban Morillo, a reconnu avoir porté deux coups, à mains nues, à Clément Méric, dont le coup qui le fait s'écrouler sur la chaussée. Samuel Dufour avait des bagues mais affirme n'avoir jamais frappé Méric, et personne ne l'a vu frapper l'étudiant. D'autres experts seront entendus sur ces points dans les prochains jours. Le verdict doit être rendu le 14 septembre.