«Les policiers ont été appelés par des personnes sur place, ils l'ont interpellée et placée quelques heures en garde à vue», a déclaré à l'AFP le procureur de Tarbes, Pierre Aurignac, au sujet de l'artiste franco-luxembourgeoise Déborah de Robertis qui s'est dénudée le 31 août dans le sanctuaire catholique de Lourdes. Le procureur a précisé que la jeune femme avait invoqué la portée artistique de son geste.
La performeuse de 34 ans a été renvoyée à l'audience correctionnelle du 19 mai 2019 afin d'être jugée pour exhibition sexuelle. Dans un communiqué, le Sanctuaire de Lourdes a annoncé qu'il avait porté plainte contre cette femme qui s'était présentée «complètement dénudée à la Grotte» pendant une procession eucharistique. «Nous condamnons cet acte d'exhibitionnisme qui a choqué les fidèles présents à la Grotte à ce moment-là», a écrit le Sanctuaire, évoquant cet «acte prémédité, lié à une démarche prétendument artistique».
«Nous déplorons un tel mépris de la conscience religieuse et de la liberté de culte», a poursuivi le Sanctuaire, en demandant «le respect du caractère sacré de nos lieux de culte conformément au principe de la liberté religieuse». Le Sanctuaire exprime en outre tous ses «regrets aux pèlerins présents et en particulier aux familles accompagnant des enfants».
Selon le site du Journal du Dimanche (JDD)qui a révélé l'affaire, l'artiste féministe s'était dénudée dans le sanctuaire et s'était placée, les mains jointes et la tête couverte d'un voile bleu, devant la grotte. Des personnes sont intervenues pour cacher sa nudité et ont appelé la police.
En octobre dernier, la jeune femme avait déjà été convoquée devant le tribunal correctionnel de Paris pour exhibition sexuelle après une performance similaire au musée du Louvre à proximité de la Joconde. La juridiction parisienne l'avait relaxée, retenant les arguments de la défense, qui affirmait qu'elle accomplissait un «acte militant et artistique» et que l'on n'y retrouvait «pas d'élément intentionnel» de commettre une exhibition sexuelle. Cette performance consistait à «interroger la place des femmes dans l'histoire de l'art», avait-elle alors expliqué. En revanche, l'artiste avait été condamnée à effectuer 35 heures de travail d'intérêt général pour avoir mordu au bras un gardien.
Déborah de Robertis est une habituée des prétoires. En février, elle avait déjà été relaxée pour deux autres performances. Tandis qu'en 2014 et 2016, elle avait fait l'objet de deux rappels à la loi pour des performances dénudées au musée d'Orsay sous les toiles, L'origine du monde, de Gustave Courbet, puis L'Olympia, d'Edouard Manet.