France

«Eradiquer» les homosexuels au «cyanure» : le blogueur Bassem Braïki visé par des plaintes

Plusieurs associations LGBT portent plainte après la diffusion d’une vidéo du blogueur controversé Bassem Braïki invitant les gays à ingérer du «cyanure». Mehdi Aïfa, de l'association l'Amicale des jeunes du refuge, réagit auprès de RT France.

Le 28 août, le blogueur de Vénissieux Bassem Braïki, connu pour ses vidéos provocatrices et ses clashs avec des rappeurs, s'est adressé aux homosexuels. Dans une vidéo à contenu homophobe, il leur a suggéré de se soigner en se suicidant au cyanure. La violence des propos est telle que les associations LGBT L’Amicale des jeunes du Refuge, Stop Homophobie et Mousse ont porté plainte conjointement dès le lendemain au tribunal de grande instance de Paris pour injure publique et incitation à la haine et à la violence envers un groupe de personnes en raison de leur orientation sexuelle.

«Sa parole haineuse qui galvanise les foules ne peut rester impunie. Seule la justice peut stopper cet extrémiste homophobe», est-il écrit dans le tweet de l'Amicale des jeunes du Refuge.

Pour Mehdi Aïfa, directeur de cette association, pas question de laisser passer ces déclarations : «La liberté d’expression, ce n’est pas inciter à la haine. Et l'homophobie n’est pas une opinion mais un délit. C’est plus possible qu’il y ait de l’impunité sur ce genre de propos. Jusqu’ici les propos de ce blogueur étaient restés sur un fil rouge.»

Frédéric Potier, le délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT est intervenu pour faire un signalement au procureur de la République. 

Le blogueur Bassem Braïki, un électricien d'une trentaine d'années, alimente un blog de vidéos sur Facebook, Chronic 2 bass, suivi par environ 13 000 personnes et son compte YouTube affiche environ 3 500 abonnés. 

«C’est une personnalité publique, il a un impact auprès des jeunes, il tient une sorte de radio libre vidéo…», poursuit Mehdi Aïfa. «On ne sait pas comment ça peut être reçu, les jeunes n’ont pas forcément une capacité d’avoir une distanciation. J’estime que quand on a un auditoire sur les réseaux sociaux, on a un devoir de responsabilité et lui ne l’a pas, voilà pourquoi c’est grave.»

Tu prends un Efferalgan, tu mélanges avec du cyanure puis ça va vous soigner

Le 28 août sur le réseau social Snapchat le blogueur Bassem Braïki avait décidé de réagir aux déclarations du pape qui conseillait la possibilité d'un recours à la psychiatrie pour les enfants présentant des tendances homosexuelles. Il avait alors exposé sa méthode thérapeutique très personnelle sur une vidéo.

«Vive le pape ! Tous derrière le pape ! Les homosexuels, il faut vous soigner. Faut qu’on vous soigne, et moi j’ai la solution pour qu’on vous soigne. Tu prends un Efferalgan, tu mélanges avec du cyanure puis ça va vous soigner, je pense que c’est ça. Faut éradiquer ce phénomène, la tête de ma mère, trop c’est trop», explique-t-il dans sa vidéo.

Il ajoute : «Avant t’étais un homo tu vivais ça en cachette, tu vivais ton bonheur en cachette, là aujourd’hui vous voulez nous imposer des trucs, vous voulez que ça devienne normal. Et ben nous on se battra, on se battra bec et ongles pour la normalité.»

Misogynie, racisme, vulgarité, antisémitisme d'un blogueur controversé

Le blogueur aux vidéos sulfureuses s’était fait connaître juste après les attentats de 2015, après avoir publié une vidéo vue des millions de fois dans laquelle il s'époumonait en insultant les djihadistes dans un style très fleuri. Mais après cela, il a cumulé les déboires judiciaires et accrochages divers, tout en enregistrant des vidéos dans lesquelles il apparaît souvent hors de lui.

En 2016, l’homme a été condamné à plusieurs mois de prison pour insulte à caractère raciste. Il a été mis en cause dans des affaires d’escroquerie et de violences sur des personnes accusées à tort d’être pédophiles.  

Il a aussi eu maille à partir avec Ulcan, le hacker d’origine franco-israélienne avec lequel il était entré en conflit au sujet du rappeur Booba. Il l'avait menacé : «On va refaire une Ilan Halimi, appelez moi Youssouf Fofana.»

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