En direct sur l'antenne de France Inter, Nicolas Hulot, le ministre de la Transition écologique et solidaire, en poste depuis le 17 mai 2017, a annoncé sa démission du gouvernement Philippe, ce 28 août vers 8h30.
Il a expliqué qu'il n'avait prévenu ni le président de la République ni le Premier ministre craignant qu'ils ne tentent de le convaincre de rester. Il ajouté que même ses proches, y compris sa femme, n'avaient pas été mis dans la confidence. Nicolas Hulot aurait même pris sa décision en direct sur le plateau de France Inter.
Le journaliste Thomas Legrand a ainsi rapporté lors du journal de 9h de la chaîne: «Nicolas Hulot, que je viens de raccompagner, vient de me confier qu’il ne savait pas qu’il démissionnerait pendant l’émission. C’est en écoutant les questions qu’il a pris sa décision.»
Marlène Schiappa, la secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les hommes et les femmes, a semblé pour le moins surprise par cette information qu'elle a apprise en direct sur le plateau de Radio classique.
Quelques minutes après cette annonce surprise, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a dit regretter le départ de Nicolas Hulot et rendu «hommage» à son travail. Il a néanmoins pointé du doigt un manque de «courtoisie» du désormais ex-ministre à l'égard d'Emmanuel Macron. Sur RTL, le président des Républicains, Laurent Wauquiez, a également commenté la nouvelle disant qu'il pouvait comprendre que Nicolas Hulot «se sente trahi» par Emmanuel Macron.
Les écologistes saluent son «courage» mais tirent la sonnette d'alarme
Yannick Jadot, tête de liste Europe écologie les Verts (EELV) pour les élections européennes qui avait émis des critiques virulentes contre le désormais ex-ministre a immédiatement commenté ce départ : «Nicolas Hulot a eu du courage d’essayer de faire changer les choses à l’intérieur de ce gouvernent anti-écolo, c’est la fin d’une illusion et du bal des Tartuffes.» Pour le député européen, «Emmanuel Macron a manipulé Nicolas Hulot comme il l’a fait avec Jean-Louis Borloo, il utilise et piétine les engagements sincères mais reste le meilleur ami des lobbies.»
«Chapeau à Nicolas Hulot d’avoir pris ses responsabilités en démissionnant d'un gouvernement libéral et anti-écologiste. Il ne pouvait plus servir de caution et avaler des couleuvres», a également salué sa camarade au Parlement européen Michèle Rivasi. «Puisse sa démission servir de déclic», a-t-elle appelé.
«La démission de Nicolas Hulot fonctionne comme un vote de censure contre Macron»
Sans surprise, le leader des insoumis, Jean-Luc Mélenchon, n'est pas plus tendre envers le président de la République. Il n'a pas caché sa satisfaction, comparant cette démission à un vote de censure venant confirmer son analyse de la situation politique et se réjouissant de la déliquescence de ce qu'il appelle la «macronie».
Son camarade, le député France insoumise Eric Coquerel a lui aussi salué le départ de Nicolas Hulot qui dresse un constat implacable de la politique d'Emmanuel Macron.
«Qu'il y ait monsieur Hulot ou pas, la question de l'immigration est centrale»
A contre courant des commentateurs, l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy a estimé quant à lui que les questions de l'immigration ou des impôts étaient «plus importantes» que la démission du ministre de la Transition écologique. «Qu'il y ait monsieur Hulot ou pas, la question de l'immigration est centrale. Qu'il y ait monsieur Hulot ou pas, la question du montant des impôts qu'on paie est centrale. Est-ce que les Anglais sont des Européens ou pas, c'est central», a déclaré sur France Culture l'ancien dirigeant du parti Les Républicains (LR).
Pour le député LR des Alpes-Maritimes Eric Ciotti, Nicolas Hulot est «un homme fidèle à ses convictions» et sa démission démontre la manipulation de l'opinion par le «macronisme».
Nicolas Hulot «met le doigt là où ça fait mal», a estimé pour sa part Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national, ex-FN, en dénonçant «la soumission du gouvernement aux critères de Maastricht, à l’économie financiarisée, au modèle économique ultra-libéral».
Florian Philippot, le président du mouvement Les Patriotes considère également que «Macron très affaibli perd sa caution écolo».
Selon Nicolas Dupont-Aignan, dirigeant de Debout la France, avec cette démission, «le double jeu d'Emmanuel Macron sur l'écologie a été démasqué».
Une décision qui «dévoile la réalité du pouvoir sans précédent de l’argent et des lobbys»
Même son de cloche au PS. Pour l'ancien ministre socialiste Stéphane Le Foll, le départ de Nicolas Hulot témoigne d'une «crise grave» du gouvernement d'Emmanuel Macron et le parti socialiste «doit faire des propositions pour un projet écologique, économique et durable».
Pour Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste, le pouvoir «a abandonné toute référence au progressisme et à l’écologie».
Benoît Hamon, le président du mouvement Génération-s, a salué «la décision courageuse de Nicolas Hulot qui dévoile la réalité du pouvoir sans précédent de l’argent et des lobbys à l’intérieur même du gouvernement qui bloque la transition écologique indispensable».
Ian Brossat, le chef de file du Parti communiste aux élections européennes a également commenté cette démission qui, pour lui, «démystifie la grande mascarade du #EnMêmeTemps».
Ce même jour, l'Elysée a fait savoir qu'Emmanuel Macron prenait acte de la démission du numéro trois du gouvernement. L'exécutif a également précisé travailler à un remaniement, qui ne se fera toutefois «pas dans l'immédiat». Emmanuel Macron est en effet en déplacement officiel au Danemark.
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