France

Affaire Benalla : Castaner annonce le licenciement de Crase à la commission des lois du Sénat

Alors que de nouvelles révélations fragilisent la défense d'Alexandre Benalla, la journée s'annonce décisive pour l'exécutif. Après l'audition de Christophe Castaner par le Sénat, deux motions de censure seront débattues à l'Assemblée nationale.

Mardi 31 juillet

L'audition de Christophe Castaner se conclut sans qu'aucun nouvel élément d'ampleur n'ait été porté à la connaissance du public, outre l'annonce du licenciement de Vincent Crase, salarié du parti.

Jean-Pierre Sueur interroge Christophe Castaner sur la présence d'Alexandre Benalla au côté du président de la République après sa suspension, notamment au moment de l'inhumation des époux Veil au Panthéon, lors du 14 juillet, puis au retour des Bleus à Paris : «Il y a une lecture très simple de cette affaire, qui est que finalement on a cherché à ce que cet épisode soit étouffé, ce qui aurait peut-être été le cas si quelques journalistes ne s'étaient pas enquis de cette affaire. [...] Je vous demande votre sentiment par rapport à cela, parce que finalement, les sanctions véritables se sont déclenchées bien plus tard et c'est là le problème principal.»

Christophe Castaner renvoie le sénateur dans les cordes de son développement : «Je souhaite rester, devant vous, sur les faits et pas sur les sentiments.»

Christian Cambon, sénateur LR du Val-de-Marne, livre son sentiment sur l'affaire Benalla : «On a l'impression que la consigne est de minimiser cette opération [...] avec des éléments de langage répétés autant que faire se peut.»

Christophe Castaner s'en défend : «Je considère que nous ne sommes pas dans une affaire d'Etat. Et je n'ai pas l'impression de minimiser.»

Le sénateur socialiste Jean-Luc Fichet, revenant sur les agissements de Vincent Crase et Alexandre Benalla, s'étonne : «Depuis le début de nos auditions, la constante, c'est que chacun nous dit : on ne savait pas. Ce qui veut dire qu'on peut circuler comme ça entre les services, entre les mailles du filet, pour arriver à des actions qui sont extrêmement graves.»

Revenant sur les questions de sécurité au sein de son groupe politique, Christophe Castaner déclare : «Je voudrais préciser, sur ce sujet qui est souvent un sujet de fantasme, que tout homme et toute femme politiques qui font l'objet d'un accompagnement pour des raisons de sécurité savent que ce n'est un plaisir pour personne et que personne ne revendique d'avoir le plaisir d'être accompagné par des femmes et des hommes armés. J'ai fait l'objet d'une tentative d'attentat, un réseau terroriste a été démantelé, et ces personnes sont actuellement toujours en prison. Et quand vous apprenez que ces gens vous ont suivi dans votre commune avec la volonté de vous égorger, vous vous dites que, finalement, on serait mieux sans officier de sécurité dans un système où nous n'en aurions pas besoin. [...] Mais monsieur Crase n'a jamais été en charge de ma sécurité et donc, il n'avait pas besoin de connaître d'évolution sur ce sujet.»

Alors que Christophe Castaner évoque «un lien d'autorité naturelle peut-être» d'Alexandre Benalla sur Vincent Crase, la sénatrice Mercier s'amuse : «Si vous me permettez, monsieur Benalla a 26 ans. Quel est l'âge de monsieur Crase ?»

Christophe Castaner livre les enseignements qu'il a tirés de son parcours politique : «J'ai toujours été rousseauiste, pensant que l'homme était naturellement bon, mais je sais que quelquefois, il peut déraper.» Puis il s'engage : «Il y avait quelques dysfonctionnements et je suis en train de revoir l'organisation des sujets de sécurité du mouvement de la République en marche pour une plus grande transparence et j'en rendrai compte publiquement.»

Après les premières réponses de Christophe Castaner et au vu des auditions précédentes, Jean-Pierre Sueur, sénateur socialiste et co-rapporteur relève : «Après toutes les auditions, nous nous rendons compte qu'il y a une sorte de renvoi de balle remarquable. [...] On est dans une configuration où [...] personne ne juge utile que ce soit lui qui saisisse la justice pour ces actes d'une très grande gravité.»

Piqué ? Christophe Castaner répond : «J'ai l'habitude d'assumer. [...] Je ne cherche pas à renvoyer la balle.»

Christophe Castaner dénonce un «mensonge» qu'il a relevé dans la presse du 31 juillet : «Jamais monsieur Crase ne m'a accompagné dans mes déplacements et encore moins de façon armée [...] ce qui était écrit dans le journal Libération ce matin est un mensonge.» Détaillant les effectifs qui composent la sécurité du parti présidentiel, il précise : «C'est une petite équipe. Ce n'est en aucun cas une milice.»

Jean-Pierre Sueur demande des détails à Christophe Castaner concernant le parcours des vidéos de surveillance que s'est procuré Alexandre Benalla après le 1er mai et qui ont ensuite été publiées sur Twitter dans la nuit du 19 juillet par certains comptes soutenant le parti présidentiel, comme cela a été révélé par Mediapart.

Christophe Castaner : «Je n'ai aucune information sur ce sujet. [...] Aucun membre de ma connaissance de la République en marche ne les a relayées. [...] Mais il y a 400 000 membres de la République en marche.»

Le co-rapporteur Jean-Pierre Sueur (sénateur socialiste du Loiret) interroge Christophe Castaner : «Vous n'avez eu aucune information, ni le 1er mai, ni le 2 mai, ni ensuite, sur les événements qui restent à confirmer [...] qui ont eu lieu préalablement au jardin des Plantes ?»

Christophe Castaner : «Non à aucun moment.»

Christophe Castaner rappelle que c'est à la demande d'Alexandre Benalla que Vincent Crase était présent lors de la manifestation du 1er mai.

Christophe Castaner prend la parole et remercie la commission de lui avoir accordé un délai pour son audition, après un opération chirurgicale le 27 juillet. Le délégué général de LREM commence son propos liminaire en condamnant les actes commis par Alexandre Benalla et Vincent Crase : «J'ai été personnellement choqué par ces images [...] je condamne une nouvelle fois les violences auxquelles se sont mêlés monsieur Benalla et monsieur Crase.»

Il annonce en outre qu'une procédure de licenciement contre Vincent Crase a été engagée car ses actes sont «susceptibles de jeter le discrédit sur notre mouvement».

Christophe Castaner est arrivé au Sénat pour son audition par la commission des lois. Philippe Bas, président de la commission, entame son propos liminaire et rappelle qu'Alexandre Benalla et Vincent Crase ont également été vus dans une nouvelle vidéo filmée au jardin des plantes, le 1er mai à Paris, procéder à l'interpellation d'un individu.

Secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement et délégué général de La République en Marche (LREM), Christophe Castaner a été auditionné par la commission des lois du Sénat ce 31 juillet, sur l'affaire Benalla.

Plus tard dans la journée, deux motions de censure (l'une de gauche, l'autre de droite) contre le gouvernement doivent être débattues à l'Assemblée nationale.

Dans le viseur de l'opposition en cette nouvelle journée de l'affaire Benalla : l'exécutif.

Le 30 juillet, le parquet de Paris a annoncé l'ouverture d'une nouvelle enquête dans l'affaire Benalla, pour des violences commises au jardin des Plantes, après les plaintes contre X de deux jeunes de 23 et 24 ans affirmant avoir été violenté le 1er mai place de la Contrescarpe.

Si l'ex-collaborateur d'Emmanuel Macron affirmait dans une interview au JDD n'avoir pratiqué aucune «intervention» au jardin des Plantes le 1er mai, une nouvelle vidéo dévoilée par France Info et Mediapart le montrerait interpeller un manifestant avec Vincent Crase, salarié de La République en marche.

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