France

Affaire Benalla : la gauche surmonte ses divisions pour présenter une motion de censure commune

Les députés insoumis, communistes et socialistes se sont mis d'accord pour déposer une motion de censure commune contre le gouvernement sur l'affaire Benalla – ce qui ne signifie pas, à les entendre, le retour de l'union de la gauche.

Les représentants des groupes Nouvelles Gauche (PS), Gauche démocrate et républicaine (PCF) et La France insoumise (LFI) se sont retrouvés en début d'après-midi le 27 juillet à l'Assemblée pour accorder leurs violons. 

Au terme d'environ deux heures de discussion, ils ont annoncé avoir réussi à s'entendre sur une motion de censure commune concernant l'affaire Alexandre Benalla, et sur le nom de celui qui la défendra dans l'hémicycle le 31 juillet : le président du groupe Gauche démocrate et républicaine, André Chassaigne.

Dans une vidéo postée sur sa chaîne YouTube, le chef de file des Insoumis Jean-Luc Mélenchon a expliqué que ce qui avait déterminé le choix d'André Chassaigne était «l'ordre alphabétique», les socialistes ayant refusé de s'en remettre au tirage au sort comme les Insoumis le proposaient. La présidente du groupe Nouvelle Gauche Valérie Rabault, qui ne voulait pas prendre le risque de voir un Insoumis porter le texte, avait proposé à la mi-journée le nom d'André Chassaigne à titre de compromis.

Les Insoumis avaient été les premiers, huit jours plus tôt, à proposer le dépôt d'une motion de censure, eux-mêmes ne pouvant la déposer seuls, puisqu'ils ne sont que 17 et que le dépôt d'une motion requiert 58 signatures. Une solution à laquelle le premier secrétaire du PS Olivier Faure semblait encore loin de se rallier le 26 juillet. «Je pense que ce n'est pas la bonne façon de procéder», avait estimé sur RMC le député de Seine-et-Marne à propos de la motion de censure déposée par Les Républicains (LR). «En réalité ça rend service à Emmanuel Macron, puisqu'il va pouvoir clore une séquence par un vote qui marquera le fait qu'il n'y a pas de majorité alternative», a-t-il argumenté.

«Affirmer qu'il y a une droite et une gauche dans ce pays»

Mais les députés PS n'avaient pas non plus envie de rester simples spectateurs de la motion que le président du groupe LR Christian Jacob défendra de son côté, d'autant que les auditions sur l'affaire Benalla devant la commission d'enquête de l'Assemblée ont tourné court.

«Toute la journée [le 26 juillet] nous avons échangé sur le sujet. Olivier Faure a fait trancher la question en convoquant un bureau national extraordinaire du parti», raconte à l'AFP le député socialiste du Val-de-Marne Luc Carvounas. «L'idée c'est d'affirmer qu'il y a une droite et une gauche dans ce pays. On était une bonne majorité à ne pas vouloir se mélanger avec LR [en votant sa motion] [...] Olivier Faure il écoute, sa position évolue», décrypte un membre du Bureau national.

Alliance ponctuelle

Jean-Luc Mélenchon a applaudi la décision du PS, se félicitant d'une «ambiguïté levée» sur sa ligne politique. «Le Parti socialiste est maintenant un parti d'opposition frontale au gouvernement», a-t-il salué en rappelant que lors du vote de la confiance au gouvernement, il y a un an, seuls trois socialistes avaient voté contre.

«On n'a pas du tout changé de doctrine par rapport à il y a un an, mais on est aussi capable dans une négociation d'établir des compromis», a répondu Valérie Rabault, avant d'ajouter qu'il s'agissait pour l'instant «d'un "one shot"». Pas question en effet pour les socialistes de donner l'impression qu'ils sont à la remorque de Jean-Luc Mélenchon. «Chacun garde ses spécificités. On signe un texte suffisamment consensuel pour que tout le monde s'y retrouve», souligne Valérie Rabault.

D'ailleurs, cette motion ne représente aucunement la gauche plurielle, selon Olivier Faure, qui assure que cela est «ponctuel», même si les trois groupes ont par le passé saisi ensemble le Conseil constitutionnel.

Preuve de ces divergences persistantes, le groupe des Insoumis devrait voter le texte des Républicains, ce que ne feront sans doute pas les socialistes. «Les LR n'ouvraient pas leur motion à la signature d'autres groupes, cela ne nous aurait pas dérangés de la signer», a expliqué à l'AFP le député insoumis Eric Coquerel. «Nous n'aurions pas désapprouvé la formation d'un grand arc républicain contre la dérive monarchique», a renchéri Jean-Luc Mélenchon.

Quant aux députés Républicains, qui devraient définir leur ligne de conduite en réunion de groupe le 31 juillet, ils ne s'interdisent pas non plus de donner leur voix à la motion de la gauche. «Il faudra voir précisément ce qu'il y a dans le texte. Mais nous sommes sur la même longueur d'onde. Si elle ne vise qu'à défendre nos institutions et qu'elle ne sert pas des intérêts plus politiques, nous pourrons la voter», confirme le député LR Sébastien Huyghe dans les colonnes du Figaro. Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national (ex-FN), a pour sa part annoncé que ses troupes voteraient également les deux motions de censure. 

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