Coup de théâtre dans l’affaire Tariq Ramadan. Henda Hayari, qui alléguait avoir été violée par le prédicateur en 2012, avait affirmé que le drame s’était déroulé le 26 mai 2012. Or, selon le magazine Le Point, son fils et son frère racontent tous deux qu’elle assistait au mariage de ce dernier, photos à l’appui.
Des photos de sa présence à un mariage remettent en cause sa version
Difficile de s’y retrouver avec les différentes versions d’Henda Ayari, qui a accusé le 20 octobre 2017 l'islamologue suisse de l’avoir violée en 2012. Cette ancienne salafiste devenue militante féministe avait tout d’abord déclaré à la police lors de ses premières auditions qu’elle avait été violée entre le 31 mars et le 8 avril 2012 dans un hôtel Holiday Inn près de Gare de l’Est à Paris. Pour étayer ses propos, elle avait cité plusieurs personnes vues après sa rencontre avec Tariq Ramadan ce jour-là, qui avaient déposé leur témoignage à la police.
Mais en mai 2018, renversement de situation : Henda Ayari a dit avoir procédé à des recherches et retrouvé des carnets et autres documents lui permettant de certifier la date et d'exhumer un nouveau lieu du crime, le Crowne Plaza près de la place de la République à Paris. Elle a confié un talon de chèque qui correspondrait au paiement d'un billet de train pour se rendre à Paris depuis Rouen ce soir-là, daté du 26 mai 2012 et un itinéraire de métro griffonné sur un carnet pour se rendre à l’hôtel, sous la dictée du prédicateur. Elle dit aussi qu’il pleuvait ce jour-là. Or, selon Météo France, le ciel était clément. Mais surtout, ce même 26 mai 2012, elle aurait assisté au mariage en Seine-et-Marne de son frère, auditionné le 9 juillet, et y serait restée jusqu’à 3h du matin, selon ce dernier. Un fait confirmé par son fils, lui aussi présent à la cérémonie. Et, selon Le Point, les enquêteurs ont récupéré deux photographies du mariage en date du 26 mai sur lesquels figure Henda Ayari.
Selon Franceinfo, l’avocat d'Henda Ayari plaide que ces incohérences ne sont que le «signe de son traumatisme» et rappelle l'insistance des enquêteurs sur la détermination d'une date précise.
Une accusation fragilisée
Voilà qui fragilise un peu plus l’accusation et les déclarations qui ont conduit l’islamologue suisse en prison le 2 février 2018.
La deuxième accusatrice, celle que la presse a surnommé Christelle, ne s’est pas rendue à la convocation du 18 et 19 juillet 2018, son avocat ayant présenté un certificat médical. Elle aurait dû répondre aux nombreuses interrogations soulevées par son témoignage, les policiers ne retrouvant aucun des témoins qu’elle dit avoir croisés la nuit du viol présumé. En outre, le compte Twitter présenté comme le sien, @JeSuisChristell, a été désactivé en juin.
La troisième accusatrice, Mounia Rabbouj, une ancienne escort girl, quant à elle, a déclaré avoir été violée plusieurs fois par le prédicateur sur une période de deux ans, sous le menace de nuire à sa réputation. Le nouvel avocat du prédicateur, Emmanuel Marsigny, a annoncé en juin que Tariq Ramadan n'avait pas été mis en examen à propos de ces accusations de viols, en raison «des explications» et «des documents» fournis par son client.
Suite aux déclarations de la plaignante qui avait assuré pouvoir prouver sa bonne foi avec une robe tachée du sperme du prédicateur, la défense avait brutalement changé de cap et Tariq Ramadan avait pour la première fois reconnu en juin avoir eu des relations sexuelles «consenties» avec Mounia Rabbouj.
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