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Nouveau scandale de la Dépakine : Sanofi rejette des polluants dans l’air en quantités industrielles

Le site Sanofi de Mourenx, qui produit le médicament controversé Dépakine, rejette des vapeurs toxiques à des doses jusqu'à 190 000 fois supérieures à la norme. Martine Martin, mère d'enfants victimes du médicament, a confié sa colère à RT France.

Le groupe pharmaceutique Sanofi a annoncé le soir du 9 juillet l'arrêt immédiat de la production de son usine chimique de Mourenx (Pyrénées-Atlantiques), devant le tollé suscité par des informations sur ses émissions hors norme de rejets toxiques. «Sanofi Chimie décide d'engager dès aujourd'hui l'arrêt de la production de son site de Mourenx, et d'opérer les améliorations techniques annoncées et indispensables à un retour à la normale», a ainsi fait savoir le groupe dans un communiqué, précisant avoir diligenté une enquête interne «pour mieux comprendre les causes et l'historique de la situation».

Le gouvernement, par la voix du ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, et de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé ce 10 juillet que l'usine chimique de Mourenx ne pourrait pas rouvrir tant qu'elle ne serait pas en conformité en matière de rejets toxiques. Déjà sous le feu des critiques pour sa gestion des victimes (jusqu'à 30 000) de son médicament, la Dépakine, le laboratoire est responsable du rejet d'un solvant volatile, le bromopropane, et émet des vapeurs à un taux jusqu'à 190 000 fois au-dessus de la norme. «Je ne suis pas tellement étonnée [de la part de Sanofi]», se désole Marine Martin, mère de deux enfants atteints de séquelles à cause de la prise de Dépakine durant sa grossesse. 

L’association France Nature Environnement (FNE) portera plainte dans la semaine du 9 juillet contre l'industriel. Le bromopropane est un liquide hautement toxique classé CMR, qui caractérise une catégorie de substances chimiques dangereuses présentant des risques cancérogènes, mutagènes et d'altération de la fertilité. En outre, les rejets de cinq autres polluants néfastes pour la santé dépassent les seuils autorisés.

«Non seulement ils ne gèrent pas les milliers d'handicapés qu’ils ont laissés derrière eux, et maintenant ils sont responsables de pollution environnementale», dénonce Marine Martin, qui se bat contre l'industriel pour faire valoir les droits à l’indemnisation des milliers de victimes, grâce à son Association d'aide aux parents d'enfants souffrant du syndrome de l'anticonvulsivant (Apesac), fondée en 2011. 

Des rejets toxiques cachés pendant six mois par Sanofi

L'entreprise Sanofi a détecté ces taux anormalement élevés en octobre 2017.Mais le laboratoire s'est soigneusement abstenu de communiquer cette infraction avant mars 2018, selon FNE.

Pendant ce laps de temps, l'entreprise a diligenté une étude d'impact «indépendante», qui aurait déterminé «que les populations [n'étaient] pas exposées à des niveaux supérieurs aux seuils fixés par la réglementation française», selon le magazine professionnel L'usine nouvelle. «Ils ont mené une seconde campagne de relevés en mars, et n'ont averti la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement qu'à ce moment, ça leur a permis de gagner du temps», s'insurge Solène Demonet, coordinatrice du réseau Risques et impacts industriels de l'association France Nature environnement.

Quid de cette enquête interne, qui statue qu'il n'y a pas de conséquence sur les populations, malgré les taux très élevés de rejets de polluants ? «L'étude [de Sanofi] est mal cadrée, elle n'évoque que les effets toxiques. Les élément repro-toxiques [phénomène de toxicité pouvant altérer la fertilité de l’homme ou de la femme], mutagènes et cancérogènes n'ont pas été pris en compte. L'impact sur les femmes enceintes et la fertilité des couples n'a pas été mesurée», estime Solène Demonet.

Sanofi rechignerait également à s'intéresser aux questions d'indemnisation de ses victimes

En juin 2018, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé estimait que jusqu'à 30 000 enfants avaient été victimes de la Dépakine depuis la mise en vente du médicament en 1960. Traitée parce qu’épileptique, Marine Martin a mis en place un fonds d’indemnisation, sur le modèle du Médiator. Mais Sanofi, selon elle, semble botter en touche, alors même que des milliers d'enfants sont lourdement handicapés. «Depuis le début, on a insisté pour que le fonds soit tripartite, avec l'Etat, les victimes et le labo. Mais Sanofi n'est jamais venu aux réunions préparatoires. Quand vous pensez que ce médicament était remboursé à 100% par l'Etat... », se désole encore Marine Martin, mère de deux fils, dont l'un a subi des séquelles neurologiques et l'autre présente des troubles moteurs. «Mais je fais pression pour que l'Etat se retourne contre le laboratoire pour qu'ils assument», explique-t-elle.

Néanmoins, elle en doute. «Serge Weinberg, le président de Sanofi, était à l’investiture de Macron. C'est plus difficile de rappeler quelqu'un à l'ordre si c'est un ami», dénonce-t-elle. «Mais on ne lâchera pas, je fais un peu ma Erin Brockovich en ce moment», conclut-elle, en référence à militante américaine connue pour avoir révélé une affaire de pollution des eaux potables en Californie en 1993.

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