Les députés François Cornut-Gentille (Les Républicains) et Rodrigue Kokouendo (La République en marche) ont présenté en date du 31 mai un rapport parlementaire qui signale que les immigrés illégaux représentent entre 8% et 20% de la population vivant en Seine-Saint-Denis.
Philippe Dallier, sénateur LR, a demandé ce 14 juin à être reçu à Matignon à ce sujet, en compagnie de 14 des 17 députés et sénateurs de Seine-Saint-Denis – tous bords politiques confondus – afin que «l'Etat assume pleinement ses responsabilités dans ce département sinistré entre tous» et donne suite au rapport parlementaire de leurs collègues, rapporte Le Figaro ce 4 juillet.
«Le Premier ministre va nous recevoir. Il a donné son accord de principe», poursuit le sénateur.
Le texte décrit la situation alarmante du département francilien. Car en plus d'un taux de pauvreté de 28% – soit le double de celui de la moyenne en France métropolitaine – et d'un taux de chômage de près de 13%, la Seine-Saint-Denis subit une pression migratoire sans équivalent sur le territoire national.
La population du 93 est estimée à 1 646 105 habitants au 1er janvier 2018 par l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Selon les estimations des interlocuteurs rencontrés par les députés auteurs du texte, les personnes en situation irrégulière seraient entre 150 000 et 400 000 dans le département. Soit une proportion comprise entre 8% et plus de 20%. Si la fourchette la plus haute de cette estimation est retenue, la population d'immigrés illégaux dans le département équivaudrait quasiment au nombre d'immigrés en situation légale dan ce même département (autour de 400 000 en 2014 selon l'Insee).
Pas de chiffrage exact du nombre d'immigrés clandestins par les autorités
La difficulté, en plus de cet état de fait, est qu'il est difficile pour les autorités de déterminer le nombre exact des immigrés clandestins et de mettre en place une politique publique proportionnée en conséquence. «La seule certitude est l’incertitude dans laquelle l’Etat est plongé concernant le nombre d’étrangers en situation irrégulière en Seine-Saint-Denis», souligne d'ailleurs François Cornut-Gentille et Rodrigue Kokouendo. Pour l'heure, les estimations reconnues comme «officielles» et données par le directeur de l’immigration du ministère de l’Intérieur aux rapporteurs sont de 150 000 à 200 000 personnes en situation irrégulière. Un calcul s'appuyant sur la multiplication par trois des 56 000 ou 57 000 bénéficiaires de l’Aide médicale de l'Etat (AME), dispositif à destination exclusive des clandestins.
La seule certitude est l’incertitude dans laquelle l’Etat est plongé concernant le chiffre d’étrangers en situation irrégulière en Seine-Saint-Denis
Cette même estimation a été reprise par Pierre-André Durand, préfet de Seine-Saint-Denis, lors de son audition. Elle est jugée peu crédible et peu précise par les parlementaires, le nombre de bénéficiaire de l'AME étant lui-même minoré et le calcul à la louche des autorités aboutissant à une marge d'erreur de 33%.
En outre, selon l’Insee, pour ce qui concerne la population étrangère régulière, «parmi les 36 communes de France métropolitaine comptant plus de 10 000 habitants et dont plus de 30% de la population est d’origine étrangère, 15 sont situées en Seine-Saint-Denis», fait savoir le rapport. Cependant, la population immigrée n’est majoritaire dans aucune commune du département, poursuit le texte, qui précise : «Les maximums sont atteints à La Courneuve et Aubervilliers (43%). Dans ces deux communes, plus de huit enfants sur dix ont au moins un parent immigré (88% à La Courneuve ; 84% à Aubervilliers).»