Des emails révélés le 26 juin par l'hebdomadaire L'Obs laissent penser que Marine Le Pen était au moins en partie informée du système d'emplois fictifs que son parti est soupçonné d'avoir mis en place au Parlement européen.
Le 19 juin, le tribunal de l'Union européenne (UE) a débouté la présidente du Rassemblement national (ex-FN), qui souhaitait l'annulation d'un recouvrement dû au Parlement européen pour l'emploi considéré fictif par ce dernier d'une assistante parlementaire. Elle va devoir rembourser 300 000 euros.
Cette fois, c'est tout un système d'emplois fictifs supposés qui est visé par Bruxelles et dont la teneur est dévoilée par l'article de L'Obs. Si les accusations s'avèrent fondées, ce système aura servi à rémunérer en France des membres permanents du RN avec des fonds alloués par l'UE.
L'hebdomadaire reproduit des échanges de courriers électroniques datant de plusieurs années entre un assistant fiscaliste installé en Belgique et Wallerand de Saint-Just, conseiller régional RN d'Ile-de-France. En 2012, un email évoque un basculement de contrats : «Wallerand, Marine demande que vous informiez les salariés. [...] Il faut [...] faire des vases communicants pour ne pas dépasser le budget de 21 209 euros de dotations.» Puis un autre en 2013 : «Bonjour Nicolas, je pense qu'il faut d'urgence voir avec Marine le problème des salaires. Il y a trop de monde sur son contrat et je pense que c'est pour cela que tu ne reçois pas ton argent. Il n'y a même plus d'argent pour payer nos frais de mission à Strasbourg. Il me semble qu'il faudrait que certains retournent sur les salaires du Front et, ce, si possible dès le mois d'octobre.»
Le fiscaliste belge a depuis affirmé aux enquêteurs que certains emplois étaient «fictifs». Cependant, du côté du Rassemblement national, les cadres nient en bloc.
Le préjudice potentiel estimé par le Parlement européen se chiffre à près de 7 millions d'euros, une somme qui correspondrait à des salaires versés frauduleusement entre 2009 et 2017 à des assistants RN.
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