Après plusieurs semaines de tensions entre le gouvernement et les syndicats représentant les fonctionnaires de police, les gardiens de la paix ont dit «stop». Une intersyndicale regroupant les trois acteurs majeurs du secteur (Unsa police, Unité SGP et Alliance) a décrété une action conjointe et décidé «de mettre en place une action zéro PV (sauf infraction grave) sur l'ensemble du territoire national» à partir du 7 juin, d'après un communiqué d'Unsa police.
Selon Philippe Capon, le secrétaire général de ce syndicat, l'opération aurait pu coûter plusieurs dizaines de milliers d'euros par jour. Mais en moins de 24 heures, le gouvernement a plié.
A l'origine de cette décision musclée, un ras-le-bol généralisé des syndicats policiers, visiblement lassés de négocier avec le gouvernement. Ils dénoncent un projet d'arrêté relatif à l'organisation du temps de travail dans la police. Selon eux, ce texte fragilise le temps de repos de tous les personnels de police, alors qu'il était censé les protéger.
Par la voix de leurs représentants, les fonctionnaires de police, déjà soumis à une forte pression dans le contexte français de menace terroriste et de nombreuses manifestations parfois violentes, s'estiment lésés par l'Etat. «Stop au mépris !», avertissait ainsi le communiqué du syndicat Unsa police.
Fait assez rare pour être remarqué : les trois grandes familles syndicales se sont réunies pour ce mouvement alors qu'elles seront concurrentes en cette année 2018 lors des élections des représentants syndicaux.
Joint par téléphone, le syndicat Unsa police avait annoncé que le mouvement devrait durer. Gérard Collomb a-t-il été ramené à la raison par ses propres services, alertés par l'ampleur de l'opération ? Toujours est-il que le comité qui devait acter cette décision défavorable aux policiers le 12 juin a été annulé. Mais Philippe Capon a prévenu : «Si le gouvernement ne nous donne pas des éléments concrets rapidement, nous relançons l'opération zéro PV... Tout est en place.»
Antoine Boitel