France

Affaire Kohler : le ministère des Finances perquisitionné, l'étau se resserre ?

La police judiciaire a mené une perquisition au ministère des Finances, d'après Europe 1. Elle agi dans le cadre de l'enquête sur un possible conflit d'intérêts visant le secrétaire général de l'Elysée et proche d'Emmanuel Macron, Alexis Kohler.

Selon Europe 1, la Brigade de répression de la délinquance économique (BRDE) a réalisé des perquisitions dans les bureaux de Bercy, au ministère des Finances. Les autorités recherchent d'éventuels documents prouvant un éventuel conflit d'intérêts d'Alexis Kohler, actuel secrétaire général de l'Elysée.

Cet événement fait suite au dépôt, le 1er juin, d'une plainte de l’association anticorruption Anticor pour «prise illégale d'intérêt» et «trafic d'influence» contre le bras droit du président de la République. Peu après, le Parquet national financier (PNF) a annoncé avoir ouvert une enquête pour «soupçons de conflit d'intérêt». Alexis Kohler a en effet travaillé entre 2012 et 2016 au sein du ministère des Finances en tant que directeur adjoint du cabinet de Pierre Moscovici, ministre de l'Économie et des Finances, puis directeur de cabinet d'Emmanuel Macron lorsque celui-ci a pris en main le ministère de l'Economie.

En 2016, lorsqu'Emmanuel Macron quitte Bercy, Alexis Kohler quitte la fonction publique pour intégrer l'entreprise familiale MSC – fondée et dirigée par les cousins de la mère d'Alexis Kohler – en tant que directeur financier. Alors qu'il souhaitait faire une première navette du public au privé dès 2014, il s'était vu opposer un avis défavorable par la commission de déontologie de la fonction publique, chargée de contrôler le départ des agents publics dans le secteur privé.

En 2016, il obtient malgré tout la faveur de cette dernière, Emmanuel Macron assurant qu'aucun conflit d'intérêt n'avait eu lieu durant son passage au ministère. Après l'élection d'Emmanuel Macron, Alexis Kohler fait cette fois-ci la navette inverse du privé au public pour intégrer le secrétariat général de l'Elysée. Toute l'affaire porte donc sur un possible conflit d'intérêt entre ses postes dans la fonction publique et ses liens avec l'armateur italo-suisse MSC.

MSC, une entreprise familialement liée à Alexis Kohler

En effet, Mediapart a notamment enquêté et dévoilé des liens familiaux et professionnels étroits existant entre Alexis Kohler et l'armateur. Ce dernier a joué un rôle essentiel au cours des dernières années dans les discussions sur l'avenir des chantiers navals de Saint-Nazaire STX, dont MSC fait figure parmi les clients les plus importants et évoqué comme un possible actionnaire de STX. Par ailleurs, Alexis Kohler a siégé au conseil d'administration de STX France entre 2010 et 2012 en tant que représentant de l'Etat.

Les liens entre la sphère publique et privée peuvent donc paraître parfois étroits. L'Elysée a malgré tout rejeté «des soupçons totalement infondés» et assure qu'Alexis Kohler «s’est systématiquement déporté de toutes les décisions ayant trait à cette entreprise, et sa hiérarchie, informée, a naturellement veillé au conflit d’intérêts potentiel».

Selon ces dires, Alexis Kohler ne serait, de fait, intervenu à aucun moment dans les négociations portant sur STX. Néanmoins, Mediapart délivre le 6 juin des témoignages de hauts fonctionnaires confessant n'avoir vu à aucun moment Alexis Kohler «quitter une réunion interministérielle, alors que le dossier STX-MSC y était débattu». Alors qu'Emmanuel Macron assurait que les dossiers «relatifs au groupe MSC étaient suivis par ses adjoints, Monsieur Julien Denormandie puis Monsieur Thomas Cazenave», un membre du cabinet fait savoir à Mediapart qu'il avait «eu entre les mains des notes destinées aussi à Alexis Kohler relatives à STX et MSC».

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