Le 5 juin 2018, un représentant de Lafarge et l'avocat du cimentier rencontreront les juges du pôle financier. Visé par une plainte pour «financement du terrorisme» et «complicité de crimes contre l'humanité», le groupe devrait ainsi être fixé sur ses chefs de mise en examen. Lafarge est mis en cause pour avoir transmis de l'argent et acheté du pétrole à des groupes djihadistes, dont Daesh, pour maintenir l'activité de sa cimenterie en Syrie.
Depuis la plainte déposée par Bercy fin décembre 2016, dans le cadre de l'interdiction d'acheter du pétrole en Syrie, Lafarge a été accusée de vouloir saboter des preuves exploitables dans le cadre de l'enquête. Ainsi, le 12 décembre 2017, l'association Sherpa, qui avait également déposé plainte contre le groupe, affirmait que «des ordinateurs [avaie]nt été passés à l'eau de javel pour empêcher la justice de travailler».
Plus récemment, en mars 2018, l'émission Complément d'enquête révélait un témoignage affirmant que la diplomatie française avait été mise au courant des agissements de l'entreprise Lafarge par Damas.
Le mois suivant, après avoir eu accès aux procès-verbaux de l'audition du directeur de la sûreté du cimentier Lafarge, Libération révélait la participation, entre 2012 et 2014, de l’Elysée et du Quai d’Orsay à des discussions stratégiques sur l’envoi de soldats dans l’usine Lafarge en Syrie, alors occupée par des combattants de Daesh.
Lafarge est suspecté d'avoir versé entre 2011 et 2015 plus de 12 millions d'euros à des groupes armés en Syrie, dont Daesh, pour continuer à faire tourner sa cimenterie de Jalabiya dans le nord du pays malgré la guerre.