L'association Anticor a saisi la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) et le Premier ministre Edouard Philippe au sujet d'un courrier envoyé depuis l'adresse e-mail du cabinet de Marlène Schiappa, dans le cadre de la promotion de son livre Si souvent éloignée de vous. La secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les femmes et les hommes a précisément utilisé cette adresse e-mail pour envoyer une invitation à une séance de dédicace aux journalistes figurant dans son fichier presse.
Spécialisée dans la lutte contre la corruption et la fraude fiscale, l'association Anticor a affirmé que le fait d'avoir «utilisé le fichier et les moyens de l'Etat» posait «un problème pénal, de détournement de finalité de fichier mais aussi un problème déontologique».
Anticor a ajouté que la circulaire relative à une méthode de travail gouvernemental exemplaire avait été signée par Edouard Philippe en 2017 et précise qu'«il convient de limiter l'usage des deniers publics au strict accomplissement de la mission ministérielle en ne tirant pas profit de ses fonctions pour soi-même ou pour ses proches».
Contacté par le site CheckNews de Libération, le secrétariat de Marlène Schiappa a de son côté minimisé : «On parle d’un mail là [...] Un mail pour un événement public, organisé par l’éditeur, la librairie, avec une promotion entièrement à leur charge.» Egalement contacté, le cabinet du Premier ministre n'aurait pas encore répondu.
En cas de conflit d'intérêts avéré, le dossier pourra être étudié par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique.
«Admiration de Macron», «shampouinage»... Un livre qui met «mal à l'aise» ?
Publié le 9 mai 2018 aux éditions Stock, le livre Si souvent éloignée de vous a par ailleurs suscité de vives réactions. Alors qu'il retrace les lettres de Marlène Schiappa à ses filles de 6 et 11 ans, l'ouvrage a notamment retenu l'attention de L'Obs qui a décidé d'en publier une critique virulente sur son site.
Si l'article interroge en premier lieu sur «des lettres qui ne semblent pas réellement rédigées à l’intention de petites filles de 11 et 6 ans, car bien trop politiques», il s'applique à révéler certains extraits, à l'image d'une scène de «shampouinage» ainsi retranscrite : «Quand le shampoing coule sur mes épaules, mon ventre, mes jambes, j’en ai partout, je me lave les mains avec ce liquide blanc, je patauge dedans».
Le magazine d'actualité relève par ailleurs, «entre un shampouinage et une course à la boulangerie», l'admiration de Marlène Schiappa pour le chef d'Etat français, et regrette «les courbettes [qui] s’enchaînent tout au long du livre».