France

Beaucaire, «je ne suis pas allé voir qui était musulman ou pas» se défend le maire FN

Des arrêtés municipaux ont mis le feu aux poudres en interdisant l'ouverture de commerces dans des rues de Beaucaire. L'Observatoire national contre l'Islamophobie poursuit Julien Sanchez, maire FN de la ville. RT France a joint les deux parties.

Ces deux arrêtés interdisent «l'exercice professionnel de toutes les épiceries, primeurs et commerces de distribution de 23 heures à 8 heures» dans un périmètre délimité du centre-ville. Le second interdit «à tous les commerces» de travailler de 23 heures à 5 heures dans deux rues de la ville.

Une mesure qui vise les commerçants musulmans s'alarme l'Observatoire national contre l'Islamophobie. Rien de cela répond le maire. RT a enquêté.

En savoir plus: Le maire FN de Beaucaire visé par une plainte pour discriminations

Pour Abdallah Zekri, président de l'Observatoire national contre l'Islamophobie à l'origine de la plainte ces arrêtés sont tout simplement «des actes discriminatoires»: «Tout arrêté devrait être pris de façon générale. Or le Maire a mentionné six noms dans ses arrêtés, six commerçants qui sont seuls visés, avec leurs noms et leur adresse. Tous sont des Français musulmans. Ce sont des gens qui travaillent, payent leurs impôts, sont des citoyens paisibles. Ces arrêtés pèsent sur leur commerce qui est par définition un commerce de proximité. Ils sont asphyxiés par cette impossibilité de travailler» explique ainsi le président de l'Observatoire à RT France.

Faux répond Julien Sanchez qui nie que six commerçants, tous musulmans, soient visés expressement, insistant sur le fait que «ces arrêtés ne visent pas des personnes nommément mais portent sur deux rues du centre ville. Ce genre d'arrêtés se fait dans d'autres villes mais comme je suis du FN, on m'attaque sur la base de l'islamophobie. Ces arrêtés visent tous les commerces des rues en question. Je ne suis pas allé voir qui était musulman ou pas».

Selon Julien Sanchez, ces arrêtés ont été pris seulement en raison des nuisances sonores qui lui ont été rapportées par le voisinage: «En tant que maire je dois m'assurer de la tranquilité publique. Or aux abords de certains commerces, celle-ci n'était pas respectée» insiste le maire.

Là c'est autour de l'Observatoire national contre l'Islamophobie de contester ce motif, Abdallah Zekri affirmant s'être rendu sur place et n'avoir rien constaté de particulier, ajoutant que «depuis ces arrêtés, la police est sur place chaque soir et verbalise les commerçants. C'est du harcèlement».

L'observatoire allègue également qu'il avait dans un premier temps saisi la préfecture qui avait à son tour saisi le maire par un courrier du 29 juin pour lui demander des explications sur ces arrêtés. Un fait que Julien Sanchez ne conteste nullement : «La préfecture m'a effectivement envoyé un courrier pour me demander de réétudier certains points. Nous y travaillons mais de toute façon nous maintiendrons cette interdiction d'ouverture à partir de 23h» indique-t-il à RT France.

Quoi qu'il en soit, Julien Sanchez comme l'Observatoire national contre l'Islamophobie campent sur leur position, le premier estimant avoir agi simplement dans ses prérogatives de maire, le second souhaitant que cette plainte aboutisse à ce qu'«une jurisprudence soit enfin établie, car cela suffit de cibler les gens en fonction de leur religion supposée».

Affaire à suivre le 1er septembre à 14 heures au tribunal correctionnel de Nîmes.