La ministre des Solidarités et de la Santé Agnès Buzyn et les Hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) ont annoncé ce 8 mai avoir ouvert une enquête administrative pour tenter de «faire la lumière» sur la prise en charge en décembre dernier par le Service d'aide médicale urgente (Samu) de Naomi Musenga, 22 ans, raillée au téléphone par deux opératrices des secours avant de décéder peu après.
Le 29 décembre 2017 vers 11h, se plaignant de maux de ventre très douloureux, elle avait joint le Samu, implorant une opératrice téléphonique de Strasbourg de l'aider. Son interlocutrice ne l'ayant pas prise au sérieux, son appel au secours était resté lettre morte.
Oui vous allez mourir certainement un jour, comme tout le monde
«Aidez-moi, madame, aidez-moi, j'ai très mal, je vais mourir», implorait-elle notamment, selon un enregistrement sonore de l'appel révélé par le magazine alsacien en ligne Hebd'i. Comme seule réponse au bout du fil, l'apparent mépris de l'opératrice ainsi qu'une invitation à appeler SOS Médecins. «Oui vous allez mourir certainement un jour, comme tout le monde», lui a par exemple répondu l'opératrice du service d'urgence, qui la moque encore en aparté en compagnie d'une opératrice du Centre de traitement des alertes des pompiers du Bas-Rhin. Naomi Musenga réussira ensuite à joindre SOS Médecins qui la réorientera vers... le Samu. Prise en charge par des secouristes, elle fera un arrêt cardiaque à l'hôpital de Strasbourg, avant d'être transférée au service de réanimation où elle décèdera à 17h30.
Une réunion au ministère de la Santé dans les prochains jours
Selon le journal Le Monde, qui cite le rapport d’autopsie, Naomi Musenga a succombé à l'hôpital des suites d’une «défaillance multiviscérale sur choc hémorragique», plusieurs de ses organes s’étant arrêtés de fonctionner.
Agnès Buzyn s'est dite «profondément indignée» et a dénoncé de «graves dysfonctionnements» ce 8 mai sur Twitter.
Elle a en outre annoncé l'ouverture d'une enquête par l'Inspection générale des affaires sociales et une réunion à ce sujet dans son ministère «dans les jours qui viennent».
«Ça n'est pas pardonnable, la manière qu'il y a eu de répondre à Naomi, et de ne pas comprendre sa détresse», a lui fait savoir ce même jour sur Franceinfo Patrick Pelloux, le président de l’association des médecins urgentistes de France. «Les moyens doivent être mis en place pour avoir des régulations médicales modernes et répondant à des critères de qualité», ont réagi dans un communiqué commun l'Association des médecins urgentistes de France et Samu urgences de France.