Depuis plusieurs mois, Areva est au bord du gouffre. L'ancien numéro 1 mondial dans le secteur du nucléaire connait une crise profonde. Il pourrait même supprimer, d'ici à 2017, 6000 emplois. EPR de Flamanville, EPR en Finlande, les déboires s'accumulent. Au point que l'ex-fleuron du nucléaire français a dû officialiser, ce jeudi, la vente d'Areva NP, qui regroupe les activités de construction et de services aux réacteurs.
C'est EDF, le géant de l'électricité française qui s'est porté, ce jeudi acquéreur d'Areva NP. L'électricien prend ainsi le «contrôle majoritaire» de la branche réacteurs d'Areva. Un accord indispensable pour pérenniser le nucléaire français, qui reste, et de loin, la première source d'énergie dans le pays.
Cette cession, qui valorise l'ensemble de la division à 2,7 milliards d'euros, devrait donc rapporter quelque 2 milliards d'euros au spécialiste du nucléaire, en grande difficulté financière depuis plusieurs mois, et empêtré dans de couteux projets qui n'avancent pas.
Si ce rachat renforce clairement EDF, qui devient un acteur majeur du nucléaire français, il ne fait que confirmer la période troublée que vit actuellement Areva. Tout d'abord, l'opération signe la fin du modèle intégré d'Areva (du minerai d'uranium aux réacteurs), qui était pratiquement unique au monde. Surtout, malgré ce rachat de la filiale réacteurs par EDF pour un montant de 2,7 milliards d'euros, le géant français du nucléaire a toujours besoin d'argent.
Areva a en effet confirmé qu'il a besoin, en plus du rachat de cette filiale, toujours besoin d'argent. Le groupe, qui chiffre ses besoins de financement d'ici à 2017 à «environ 7 milliards d'euros», devrait donc céder prochainement plusieurs autres filiales, pour un montant estimé à 1,6 milliards d'euros. Dans tous les cas, il manquera encore environ 3,4 milliards d'euros et Areva confirme avoir besoin d'une «augmentation de capital significative».
Cette aide indispensable pour Areva pourrait venir de l'Etat. Début juin en effet, l'Elysée avait assuré que l'Etat, actionnaire à 87% d'Areva, renflouerait le groupe «à la hauteur nécessaire». Mais le ministre de l'Economie Emmanuel Macron toutefois a exclu de «mettre un chèque sur la table» dès à présent, renvoyant la question à la rentrée.
C'est l'Etat, qui détient également 84,5% d'EDF, qui avait début juin enjoint les deux groupes à se rapprocher, pour contribuer à sortir Areva de ses difficultés financières et éviter un naufrage de la filière nucléaire française.