Emmanuel Macron l'avait dit les yeux dans les yeux aux journalistes sur le plateau de BFMTV le 15 avril : «Il n'y aura pas d’économies sur l’hôpital dans ce quinquennat, je vous rassure.» Problème : selon une circulaire émanant des services de la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, une économie substantielle a bien été prévue dans le budget hospitalier. Celle-ci est même chiffrée à 960 millions d'euros.
Figurant en annexe de cette circulaire épaisse de 70 pages datée du mois d'avril, on la retrouve sous l'appellation... «économies». Il est précisé à ce titre : «960 millions d’euros pèseront directement sur les établissements de santé en 2018.»
Interrogés par RT France en novembre 2017, les membres du syndicat Sud-Santé sonnaient déjà l'alerte quant au budget annoncé dans le domaine de la santé hospitalière : «Agnès Buzyn n'a de toute façon pas le poids politique nécessaire pour défendre ses budgets et elle s'écrase devant les régaliens. Quoi qu'elle ait prévu, elle va devenir une communicante qui devra faire avaler des couleuvres à ses interlocuteurs sociaux. La preuve, elle a récemment fait de grandes déclarations, mais elle nous a pondu un budget catastrophique.»
C’est comme si on nous demandait de supprimer 15 000 emplois
Pour Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France (FHF), interrogé par France info, cette annonce est inacceptable : «960 millions d’euros d’économies, c’est comme si on nous demandait de supprimer 15 000 emplois, et je ne crois pas qu’il y ait des emplois en trop à l’hôpital».
Comment cette économie sera-t-elle réalisée ? Tout simplement grâce à une moindre augmentation du budget des hôpitaux en 2018. Il devait progresser de 4% selon les premières prévisions de dépenses : il n'augmentera que de 2%.
Pas sûr que cette démarche convainque du côté des professionnels de santé qui dénoncent régulièrement le cruel manque de moyens dont souffre leur institution, à l'instar du syndicat Sud-Santé qui, au bilan 2017 de Martin Hirsch, le directeur général de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris, oppose le nombre de suicides professionnels dans son secteur : «Neuf suicides entre septembre 2016 et septembre 2017 à l'AH-HP. C'est sans compter les tentatives qu'on ignore, les burn-outs, les arrêts de travail... Ils n'entrent pas dans les statistiques, ceux-là.»